Le Survivant de l'Enfer

Bonsoir ! Aujourd'hui, je reviens avec une nouvelle petite fanfiction à chapitres, qui, je suis sûr, vous intéressera, puisqu'elle est entièrement consacrée à notre trèèèèèèès cher Mahyar. Quôôôôa ? Une fanfiction entière avec Mahyar Shaki... Shakeri en personnage principal ? C'est possible ça ?! Oui, c'est possible, et ça commence... Maintenant ! Ne vous inquiétez pas, j'alternerai un chapitre de cette fanfiction avec un chapitre de Royaume en Perdition.

Disclaimer : Mahyar Shakeri est sa propre propriété. Bob Lennon, Fred, Seb et Krayn appartiennent à eux-mêmes. Balthazard Octavius Barnabé, Théo de Silverberg, Shinddha Kory et Grunlek sont la propriétés de leurs Youtubeurs respectifs, de Mahyar et d'Aventures. Aventures est la propriété de Mahyar et Bazar du Grenier. Je ne touche pas d'argent pour mes écrits, écrire c'est un plaisir qui ne s'achète pas

Note de l'auteur : Cette fanfiction est l'adaptation, en chapitres, en plus sérieux et en plus précis de mon petit univers que vous commencez à connaître. Il va falloir vous accrocher, j'ai tellement d'idées que ça risque de vous faire mal à la tête mouhahahahahaha.


Prologue : La Prophétie

"Il y a de cela mille années maintenant, dans un royaume ancien, perdu et aujourd'hui disparu, un enfant naquit, de l'alliance amoureuse d'un puissant pyromage, qui maîtrisait mieux que personne l'élément feu, l'utilisant à la fois comme un outil et une arme, et d'une mage des ténèbres, nécromancienne et invocatrice, dont les noms se sont perdus avec le temps. Certains diront qu'ils sont à l'origine de la naissance du Cratère, et les considèreront donc comme les Dieux Créateurs. D'autres affirmeront qu'ils ont créé un monstre, que personne ne serait capable de contrôler, ni d'arrêter, et qu'il sera à l'origine de notre perte. La vérité ? Ils étaient les premiers à avoir donner naissance à un enfant capable de transformer le monde qui l'entourait à la seule force des mots.

En effet, en grandissant, le jeune enfant développa un don très spécial, offert, disait-on par les Dieux. Il lui permettait de remodeler le monde, en écrivant le mot, lui donnant une forme, une vie. Ses parents virent immédiatement en lui un moyen de se faire de l'argent, eux qui avaient alors toujours vécut dans la misère. Ils utilisèrent le don de l'enfant à des fins misérables, révélant l'enfant non seulement au monde, mais aussi à ceux qui voyaient en lui le Mal lui-même. Il est dit qu'un jour, le puissant pyromage demanda à l'enfant un royaume à la taille de son ambition. Et ainsi naquit le Cratère, cette terre aride que le jeune garçon peupla de vie, d'arbres et de créatures toutes plus étranges les unes que les autres. Sa mère demanda elle le pouvoir. Elle devint la première "Maîtresse des éléments", capable de contrôler les enfants de la Terre, de l'eau, du feu et du ciel. Elle est actuellement la seule connue. On dit qu'elle serait à l'origine des drames naturels de notre monde, les tornades, les orages, les tsunamis.

Mais l'enfant n'était pas naïf, il savait parfaitement que ses parents n'étaient pas fait pour diriger, encore moins pour contrôler. Alors qu'il se promenait un matin dans les bois, la légende dit qu'il invoqua, dans un cri de désespoir, un sauveteur, une personne capable de le sortir de cet enfer, tout en lui permettant de subsister, loin de la jalousie et de la folie des hommes qui peuplaient la Terre.

On dit alors qu'un prophète apparut devant lui, qui, d'après les témoignages, serait le Dieu de la Lumière en personne, celui-là même que servent aujourd'hui les fiers paladins touché par sa foi divine. Il lui livra alors des paroles, désormais sacrées et connues de tout disciple de la Lumière, mot pour mot.

"Toi, enfant des quatre sources et maître des mots, dans mille ans jour pour jour, tu sauveras cette terre. Mais tu ne peux point rester ici pendant ce laps de temps, la folie des hommes, la source des ténèbres, tenteront de pervertir ton âme. Crois en mes mots, garde ta foi, et tes pas un jour te ramèneront sur ta terre natale, pour que ta destinée s'accomplisse."

L'enfant, impressionné, ne répondit pas. Il ne comprenait pas l'enjeu de sa vie sur cette terre, il ne comprenait pas la scène qui se jouait devant ses yeux. Doucement, le Dieu de la Lumière posa sa main sur le front de l'enfant, qui tomba immédiatement dans un sommeil profond. Ses souvenirs furent remplacés par d'autres, plus adaptés à la nouvelle vie qui l'attendait. Son don lui-même s'effaça de sa mémoire, pour sa propre sécurité. Le Dieu plongea ensuite l'enfant dans un puits magique, qui, dit-on, envoya l'enfant dans un autre monde, où il vivrait pendant mille ans, avec la promesse de revenir ensuite sur sa terre pour la sauver du plus grand cataclysme des hommes.

De cet enfant aujourd'hui, seul le prénom subsiste : Mahyar, le Dieu Créateur."

"Foutaises !"

Théo de Silverberg jeta son livre saint dans le petit étang qu'il longeait, sous les regards curieux de ses trois autres amis, Bob, Shin et Grunlek. Ce n'était qu'une histoire pour faire croire aux jeunes paladins qu'ils étaient en sécurité. Il était simplement devenu trop âgé pour y croire.

Et pourtant, la prophétie ne venait que de débuter.

Chapitre 1 : Campements Forestiers

Notre monde, au beau milieu d'une forêt.

Six heures du matin, le soleil venait tout juste d'entamer sa montée dans le ciel. Dans un petit bois à l'écart des grandes villes, cinq tentes étaient dressées, en cercle autour d'un feu de camp mourrant. Devant quatre d'entre elles, des hommes étaient assis, tout juste réveillés, certains n'avaient pas beaucoup dormi et avaient des mines affreuses, un autre était d'humeur taquine. Ce dernier se nommer Bob Lennon, le seul et l'unique, encore en pyjama. Contrairement à Fred, Seb et Krayn, déjà levés, eux aussi, notre Pyro-Barbare avait bien dormi. En même temps, il était le seul à venir faire du camping avec son matelas. C'est ce que les meilleurs appellent la logique Lennonnienne. Les trois autres avaient dormi à même le sol, dans des sacs de couchage basse-qualité. Fred avait même était dérangé dans son sommeil par un rat, ayant décidé de prendre son pied comme bouillotte. Mais quelqu'un manquait à l'appel.

En effet, si nos quatre joueurs s'étaient réunis dans un bois paumé au milieu de nulle part, c'était pour répondre au caprice d'un certain maître du jeu et de son foutu roleplay. Pour le grand final d'Aventures, il avait voulu faire les choses en grand, de nuit, dans une forêt, autour d'un feu de camp. Et c'était sans appel. Mahyar semblait profondément endormi, vu les légers ronflements émanent de sa tente. Bob avait donc eu une idée. Parce que, après tout, il avait bien souffert la veille au soir, il n'avait pas de wi-fi, pas d'ordinateur et rien que ça suffisait à l'irriter très légèrement. Il n'avait qu'un mot à la bouche, vengeance. Il attrapa un sceau, et, décidé, il se dirigea vers le petit étang à côté duquel ils se trouvaient. Bob le remplit à rabord et retourna vers le campement avec, sous le regard désapprobateur de Fred, qui, cependant, ne dit rien. Trop fatigué sans doute.

Notre Pyro-Barbare se dirigea à pas de loup vers la tente de la cinquième personne. A l'intérieur de celle-ci, enroulé dans son sac de couchage, Mahyar Shakeri était profondément endormi, rêvant de Mojito et de cookies dansant sous un arc-en-ciel. Bien sûr, personne ne pouvait se douter, en voyant le Maître du Jeu ténébreux, qu'il pouvait rêver de ça, mais que voulez-vous, on a tous un côté enfantin qui reste gravé en nous jusqu'à notre mort. Et il n'y avait pas échappé. Bob Lennon, un sourire prédateur aux lèvres, pénétra l'antre du Maître du Jeu, son sceau dans les mains. Alors qu'il s'apprêtait à vider son contenu sur sa tête, Mahyar ouvrit les yeux, alerté par le piétinement de son sac de couchage. Il plissa les yeux en voyant Lennon, qui se sentit bien bête pour le coup. Et Mahyar réagit plus vite que lui. Il attrapa le sceau et le vida entièrement sur la tête de Bob, qui cria sous la surprise.

Le Pyro-Barbare quitta la tente, trempé de la tête au pied en bougonnant. Mahyar le suivait, sourire aux lèvres. La journée commençait plutôt bien, de toute évidence. Seb et Krayn, en train de préparer le petit-déjeuner réprimèrent un fou rire en voyant leur ami se diriger vers la tente, pour se changer. Fred s'étira, et se dirigea vers la table, installant les assiettes pour manger. Mahyar, lui, était en train de se réveiller, s'étirant ici et là. Il sortit son sac de couchage pour le faire sécher au soleil. Arroser Bob Lennon dans sa tente n'avait pas été une excellente idée.

Il prit ensuite le temps de se rafraîchir, puis de s'habiller, avant de rejoindre les autres à la table du petit déjeuner. Seb avait préparé des oeufs avec du bacon, en plus de la brioche que Fred avait emporté avec lui. Bob était déjà parti dans un grand débat, avec lui-même, puisque plus personne n'y faisait réellement attention désormais. Krayn, lui, était silencieux, le paquet de brioche à côté de lui, il avalait les tartines, les unes après les autres, profitant du fait que personne ne regardait. Fred écrivait une de scènes de son prochain Joueur du Grenier, tout en piquant des choses dans l'assiette de Bob et en papotant avec Seb. Oui, on pouvait dire que notre Fred était multi-tâche, ça ne le gênait pas plus que ça.

Mahyar s'installa entre Seb et Krayn, sous le regard méfiant d'un Bob Lennon qui n'avait pas encore tout à fait digérer sa défaite. Il piqua une tartine de brioche dans le paquet et commença à manger. Fred se tourna presque immédiatement vers lui.

"On repart dans la soirée, on va profiter du calme pour écrire un peu avec Seb. Vous pouvez aller vous promener tous les trois. Ou vous baigner. On garde le camp.
- Dans deux heures, ça va à tout le monde ? demanda Bob. Il faut que je passe mon coup de fil du jour à Fanta. Histoire de s'assurer qu'il va bien et tout ça. ... Mais arrêtez de me regarder comme ça, il n'y a rien entre lui et moi !"

En effet, toutes les personnes du groupe avaient cessé tout mouvement pour le dévisager intensément. La veille, il était resté presque trois heures au téléphone avec Fanta, ce qui avait ouvert la porte à de nombreuses théories. Aucun de ses quatre amis n'avait besoin de parler pour exprimer ce qu'ils pensaient à cet instant. Ils secouèrent la tête et reprirent leur activité. Tous sauf Mahyar.

En effet, l'attention du Maître du Jeu était focalisée sur quelque chose de brillant à la lisière de la forêt. Il plissa les yeux, inquiet, pour essayer de mieux voir. Une dizaine de formes se mouvaient, dans l'obscurité. Puis il y eut ce coup de feu. Bob fut le premier touché, il s'effondra sur le sol, d'un coup. Les quatre autres hommes se jetèrent sur le sol. Fred s'approcha de Bob, paniqué, et le retourna. Une fléchette était plantée dans son cou, et il devina rapidement qu'elle n'était là que pour l'étourdir. En effet, Bob n'était pas endormi, mais plutôt comateux, ses membres semblaient désormais peser une tonne. Comment Fred sut tout ça ? Parce que pendant qu'il examinait Bob, une fléchette se planta dans son épaule.

Seb, Krayn et Mahyar s'était enfui dans la forêt, alors que des hommes en noir envahissaient le camp. Tous trois courraient, à en perdre haleine, ne comprenant même pas ce qu'il se passait. Par chance, ils tombèrent sur leur voiture, à la sortie du bois. D'un commun accord, ils s'engouffrèrent dedans et démarrèrent en trombe, laissant à contre-coeur Bob et Fred aux mains de ces inconnus.

Un autre monde, également au milieu d'une forêt.

Grunlek, installé tranquillement près d'un feu de camp, bailla à s'en décrocher la machoîre. Il avait faim, il était crevé, et Théo n'était toujours pas revenu de sa chasse. Lui et deux autres de ses amis, Shinddha Kory et Balthazard Octavius Barnabé avaient dressé le camp pour la nuit, exténués, après une longue journée de marche. Pas de gros problèmes aujourd'hui, si ce n'était qu'une araignée au milieu de la route, que Bob avait crâmé. Avec un morceau de la forêt, mais ceci est une autre histoire.

Notre pyromage était déjà parti au pays des rêves, couché sur les jambes de Shin', qui lui était en train de pêcher dans le petit étang à côté duquel ils s'étaient installés. Il n'y avait pas beaucoup de poissons, mais ça passait le temps, occupant ainsi l'esprit du plus jeune qui s'ennuyait très légèrement. Grunlek, assis un peu à l'écart, Eden endormie contre lui, surveillait les deux "enfants", d'un oeil attendri. Voir Bob dormir était rare. Voir Bob utiliser la jambe droite de Shin' comme doudou l'était encore plus. La louve lui lécha doucement la main, le Nain reprit les caresses. Derrière eux, Lumière, le cheval de Théo broutait paisiblement.

Quand enfin, un rayon de lumière dans le lointain fit sourire Grunlek. Théo se fit un passage dans les fourrés et, tranquillement, tendit une dizaine de lapins au Nain, avec un sourire fier. Il retira ensuite sa lourde armure pour être plus à l'aise, et lança un regard aux deux autres aventuriers. Shin venait de s'endormir sur sa canne à pêche, à moitié allongé sur Bob. Théo eut un petit sourire en coin, puis observa Grunlek dépecer les animaux et les mettre à rôtir.

"Ils formeraient un joli couple, dit doucement Théo en pointant Shin et Bob."

Grunlek pouffa de rire, s'attirant un regard d'incompréhension du paladin. Pour une fois qu'il voulait être gentil.... Maintenant il était frustré.

"Tu n'as toujours pas compris ? demanda Grunlek. Pour Bob.
- Pas compris quoi ?
- ... Non, rien, laisse tomber."

Le paladin n'insista pas, mais resta tout de même suspicieux. Bob lui cachait quelque chose ? Il allait devoir découvrir quoi. Il détestait être le dernier au courant. Grunlek retourna ses lapins, puis, une fois la cuisson bonne, il en tendit un à Théo. Ce fut également l'odeur de la nourriture qui réveilla les deux plus jeunes, endormis. Bob offrit un regard perplexe à Shin, il ne se souvenait pas s'être endormi. Shin, lui, était trop gêné pour dire quoi que ce soit. Les deux se levèrent et allèrent chercher leur lapin. Grunlek en donna également un à sa louve qui commença à mâchouiller dedans, faisant craquer les os sous sa machoire de fer.

Bob leva ses yeux bruns vers Théo, il sembla s'apprêter à dire quelque chose, puis y renonça, gêné. Le paladin, toujours perturbé par le sous-entendu de Grunlek ne dit rien, se contentant de le dévisager plus profondément encore. Ce fut Shin qui brisa le silence, pour le plus grand bonheur de Bob qui commençait à trouver l'ambiance tendue.

"On arrive quand à ton village Théo ? Parce que j'en ai marre, j'ai les pieds qui font mal. J'ai encore attrapé des ampoules.
- Bientôt, répondit le leader du groupe. Encore une bonne journée de marche et on y sera. Tu pourras monter sur Lumière demain."

Shin sourit à son aîné, puis vint se coller à lui. Il avait froid, et le paladin était une bonne source de chaleur. Théo emprisonna le jeune dans ses bras musclés, et Shin s'endormit rapidement, bien au chaud, et sous un regard persistant de Bob, qui aurait bien aimé être à la place de l'archer. Il finit par hausser les épaules, pour cacher sa frustration, puis se leva.

"Je prends le premier tour de gard, dit-il sur un ton glacial, avant de se diriger d'un pas précipité vers un rocher à l'écart."

Théo tourna vers Grunlek un regard perturbé. Le Nain secoua la tête en riant légèrement.

"Ah, Théo, tu n'apprendras donc jamais. Bonne nuit."

Il se roula en boule et s'endormit à son tour, laissant un Théo songeur et un Bob frustré.

Chapitre 2 : Sur la route

Une cellule dans un endroit encore inconnu.

"LAISSEZ-MOI SORTIR OU SUR MA VIE VOUS ALLEZ LE REGRETTER !"

Frederic Molas redonna un énième coup de pied rageur dans la porte, en colère, faisant sursauter Bob Lennon, assis dans un coin de la pièce, les genoux collé contre sa poitrine. Le plus jeune des deux était légèrement claustrophobe, l'état de son aîné renforçait son stress. Mais le pire, c'est que ce n'était même pas le fait d'être enfermé qui hantait ses esprits. Non, Bob Lennon était en train de stresser parce que Fanta était en vacances, que les abonnés n'allaient plus avoir de contenu pour un temps indéterminé et qu'il n'avait aucun moyen de contacter son meilleur ami. Et bien sûr, lui comme Fred s'inquiétait pour les trois autres campeurs, abandonnés à eux-même.

Les deux Youtubeurs s'étaient réveillés une heure plus tôt, couché sur le sol en béton froid d'une pièce close, dont la seule source de lumière était une petite fenêtre à barreaux, menant directement sur l'extérieur, torse nus, et un vêtus d'un simple pantalon blanc, comme on en trouvait à l'hôpital. Il faisait froid, et cette satanée fenêtre n'arrangeait pas les choses. Bob avait immédiatement fait une crise d'angoisse, Fred l'avait obligé à se coucher, les pieds en l'air, pendant une bonne vingtaine de minutes. Lui restait calme, s'étonnant lui-même.

Fred se tourna vers Bob, abandonnant la porte. Ca ne servait à rien de s'énerver, il n'y avait absolument personne dans le couloir. Il croisa le regard brun d'un Bob tout pâle. De plus, il était calme et silencieux, et s'il y a bien une chose que Fred avait retenu en cinq ans, c'était que le Pyro-Barbare n'était jamais silencieux. Il s'installa à ses côtés. Bob tenait toujours ses genoux contre lui, se balançant nerveusement sur lui-même.

"Hey Mec, tout va bien ?"

Bob se stoppa, lui lança un regard insistant, ne répondit pas, puis recommença son manège. Fred voulait l'aider, mais un, il n'avait pas la délicatesse de Seb dans ce genre de situation, deux, il craignait le contact physique, vu leur tenue, pour le moins... Inhabituelle. Mais le pauvre lui faisait de la peine, et s'il y a bien une chose que détestait notre Youtubeur, c'était que quelqu'un aille mal.

Doucement, Fred attira Bob contre son torse musclé et l'emprisonna d'un bras. Bob se mit à trembler dans ses bras, puis il se mit à pleurer. Longtemps. Fred resta incroyablement patient, craquer, ça arrivait même aux meilleurs. Il avait encore en tête la première fois que Seb et lui étaient montés sur scène. Seb' avait fondu en larmes, et Fred avait du reporté la convention, il avait pris soin de lui pendant deux heures et le tour était joué.

"Allez gamin, remets-toi. On va s'en sortir tu vas voir. Ils sont débrouillards, ils vont nous sortir de ce pétrin."

Bob sembla se calmer. Des larmes coulaient toujours le long de ses joues, mais il était moins bruyant. Finalement, le Pyro-Barbare se blottit contre lui, et finit par s'endormir d'épuisement, dans les bras de son ami, qui le tenait toujours contre lui.

Une voiture, quelque part sur une autoroute française.

Sébastien Rassiat était crispé sur le volant, le regard rivé sur la route. Sur les sièges arrières, Krayn, regardant le paysage, et Mahyar, endormi contre l'autre fenêtre. Cela faisait une bonne journée que nos trois amis roulaient, à tour de rôle. Ils avaient fait le plein de provisions, aucun d'eux trois n'auraient de toute manière songé à rentrer chez lui. Depuis le kidnapping de Fred et Bob, tous trois étaient devenus paranoïaques, au point de s'inquiéter si une voiture les suivait plus de deux minutes.

Ils étaient épuisés par leur course-poursuite contre un ennemi dont ils ignoraient tout. Mahyar ouvrit un oeil, avant de s'étirer, comme un chat. Il lança un coup d'oeil à la route, puis à ses deux amis. Le Maître des dès avait pris le dernier tour de conduite, et, fatigué, il s'était endormi dès qu'ils avaient repris la route. Seb était préoccupé par ce qui avait bien pu arriver à leurs amis après le départ, Mahyar ne savait plus quoi penser, la scène était digne d'un mauvais jeu de rôle, et Krayn... Krayn encaissait, comme toujours, le plus calme des trois, impassible.

"On est où ? demanda Mahyar d'une voix fatiguée.
- Pas loin de Grenoble, répondit Krayn au tac au tac."

Seb était resté silencieux, préférant se concentrer sur la route. Cependant, après quelques instants, il prit la parole.

"Ca peut plus durer les mecs, faut qu'on contacte quelqu'un. Fanta pourrait nous aider, il est loin, ils pourront pas l'attraper. Il a toujours des bonnes idées en plus.
- Et qu'est-ce qu'il pourrait faire de plus ? répondit Mahyar. Il va nous dire de fuir et... Oh. Tu veux le prévenir pour Bob ?
- Bien sûr ! C'est son meilleur ami, il a le droit de savoir quand même !"

Mahyar haussa les épaules, avant de se remettre dans une position plus confortable pour se rendormir. Krayn lui lança un regard de coin.

"Arrête toi à la prochaine station Seb'. Je vais prendre le relai."

Seb hocha doucement la tête. Ils roulèrent encore vingt kilomètres avant de se stopper à une station essence. Les trois hommes se dirigèrent vers le magasin. Mahyar avait terriblement besoin de boire quelque chose de frais, et le Mojito sur lequel il posa ses yeux lui fit les yeux de cocker. Il n'essaya même pas de résister. Krayn et Seb se contentèrent d'un café, d'une pause pipi, puis tous trois se dirigèrent vers le coin sieste. Une bonne heure de pause ne pourrait leur faire que du bien.

Si Mahyar et Krayn trouvèrent facilement le sommeil, ce ne fut pas le cas de Seb, toujours obsédé par le fait d'appeler Fanta. Il avait besoin de parler à quelqu'un, et son meilleur ami étant Dieu seul sait où, il en embaucha un nouveau. Il tira la grimace en pensant au prix qu'allait lui coûter cet appel, mais il ne dit rien. Le téléphone sonna deux fois, puis une voix un peu fatiguée lui répondit.

"Allô ?
- Fan... Fanta ? Tu vas bien ?
- Seb ?! Oui, oui ça va bien. Qu'est-ce qu'il se passe ?"

Seb prit une grande inspiration. Ce qu'il s'apprêtait à annoncer n'était pas facile, et il ne voulait pas brusquer le Réunionnais, surtout que Bob lui avait déjà dit qu'il pouvait avoir des réactions très violentes.

"Je... Je devais te parler. Tu promets de pas t'énerver ?
- Pas m'énerver pour quoi ? Bob a fait une grosse connerie qu'il n'assume pas ?
- Non, c'est pas ça. Fanta... Bob et Fred se sont fait enlevés."

Il y eut un grand silence de l'autre côté du fil. Seb attendit patiemment, laissant le temps à Fanta de réaliser.

"Qu... Quoi ? Comment ça il s'est fait enlevé ? C'est un de ses défis à la con ou...
- Nan, je suis vraiment sérieux. On est tous dans la merde vieux. Je sais pas ce qu'ils voulaient, mais ils en avaient après nous tous.
- Vous êtes combien ?
- Trois. Mahyar, Krayn et moi. On s'est fait attaqué hier matin, Bob s'est fait avoir, Fred a voulu l'aider. Nous on s'est barrés in extremis. On est sur la route depuis hier, on sait pas quoi faire."

La voix de Seb s'était brisé sur la fin. Et voilà, il craquait. Il n'en pouvait plus, simplement plus. Il voulait rentrer, manger une pizza, jouer aux jeux vidéos, avec Fred, comme avant, simplement oublier ce foutu camping.

"Vous êtes où là ?
- Sur une aire d'autoroute, pas loin de Grenoble.
- Merci pour cette information, répondit soudain une troisième voix."

Seb sursauta violemment. C'était quoi ça ? Il reprit sa respiration, réalisant que c'était probablement celui qui détenait ses deux amis.

"Vous êtes qui vous ?"

Un autre monde, au même moment.

Balthazar observait une fleur étrange, un sourire aux lèvres. Doucement, il l'arracha, et la montra fièrement à ses compagnons de route, incrédules. Tout avait commencé deux heures plus tôt. Alors qu'ils devaient se rendre dans une tour au sud du Cratère, Bob avait vu quelque chose au loin, et avait décidé de faire un détour, entraînant ses compagnons avec lui, avec l'excuse que c'était très important. Bien sûr, Fred avait été trop gentil, et il avait accepté. Et maintenant qu'il avait la chose "très importante" devant les yeux, il le regrettait amèrement.

"Tu vas me dire qu'on a fait ce détour à la con juste pour une fleur ?!"

Bob fit une mine outrée, puis serra la plante contre lui. Tous semblaient du même avis que le paladin. Notre pyromage leva les yeux au ciel, il fallait vraiment tout leur expliquer, pire que des enfants.

"Ce n'est pas une simple fleur, c'est une fleur de feu, elle pousse une fois tous les mille ans. Selon la légende, elle permet de lire l'avenir. C'est super rare !
- Mouais, ça reste qu'une plante, grommela Grunlek, peu convaincu.
- Elle se vend à des milliers, voir des millions de pièces d'or, surenchérit Bob, en fixant intensément le nain."

Une lueur intéréssée passa soudain dans les yeux de leur ami de petite taille. Bob sourit. Tout ce qui touchait de près ou de loin au sujet de l'or intéressait Grunlek. Le nain, soudainement conscient que Bob se moquait de lui, prit un air faussement vexé, et fit demi-tour, Eden sur les talons, en grommelant quelque chose d'inaudible. Théo pointa un doigt vers Bob.

"Il y a intérêt à ce que ta fleur marche ou je te le ferais regretter, Balthazar Octavius Barnabé."

Ils s'apprêtèrent à repartir, quand la voix paniquée de Grunlek leur parvint aux oreilles.

"LES MECS ! LA TERRE SE FEND EN DEUX. IL FAUT FUIR. MAINTENANT !!!"

Chapitre 3 : Seuls au monde

Une cellule sombre, dans cet endroit toujours inconnu.

Bob se réveilla deux heures plus tard, blotti dans les bras de son ami, qui fixait un point invisible sur le mur. Le Pyro-Barbare se sentait mieux, bien qu'un noeud indescriptible lui nouait toujours l'estomac, à cause de l'enfermement. Fred le laissa se dégager de son emprise. Notre gamer se leva, et commença à faire le tour de la cellule, et s'étirant doucement. Il s'était à peu près remis du choc de la veille, en partie grâce au soutien de Fred, qui l'observait faire silencieusement, toujours légèrement inquiet pour son ami. Bob était en train d'observer une des pierres du mur quand du bruit se fit entendre dans le couloir.

La porte s'ouvrit, cinq hommes habillés de noir entrèrent, trainant quelque chose derrière eux, qu'ils posèrent sur le sol. Un d'eux avait plaqué Bob contre un mur, un autre menaçait Fred de son arme. Ils restèrent silencieux, puis quittèrent simplement la pièce, dévoilant un homme chauve, torse nu lui aussi, visiblement inconscient. Bob fut le premier à réagir.

"Fanta !"

Notre Pyro-Barbare plongea sur son meilleur ami et le souleva doucement, pour le coucher sur ses genoux. C'était plutôt malsain, mais il était content qu'il soit là. Il n'était plus tout seul dans cette galère. Fanta revint doucement à lui, avec une forte migraine. Il jeta un coup d'oeil affolé autour de lui, puis son regard croisa celui de Bob. Le Réunionnais se leva, avant de le prendre dans ses bras, et de le serrer très fort.

"J'ai crû qu'ils t'avaient tué putain. J'ai crû qu'ils t'avaient tué."

Sa voix s'était brisée sur la fin. Bob reserra son emprise sur lui, avant de remarquer d'horrible traces, dans le dos de son ami. Fred aussi les avaient remarquée. Lui et Bob se lancèrent un regard inquiet alors que Fanta craquait dans ses bras. Ils étaient bien loin d'imaginer tout ce que le Réunionnais avait enduré jusque là. Le Youtubeur se calma doucement, dans les bras de son meilleur ami, puis salua Fred d'un signe de main. Ce fut Fred qui prit la parole.

"Ils ont sérieusement été jusqu'à la Réunion pour te choper ? Pourquoi ils font ça ? Enfin j'veux dire, on est peut-être célèbres, mais s'ils pouvaient aller jusqu'à la Réunion, ils auraient pu kidnapper Pewdiepie ? Non ? Pourquoi nous ?
- Ce n'est pas vous qu'ils veulent, répondit faiblement Fanta. C'est une longue histoire. Ils veulent Mahyar."



Un peu plus tôt, dans la station essence...

Seb raccrocha immédiatement, n'attendant même pas la réponse à sa question. Il jeta le portable à terre et l'écrasa, avant de courir vers le dortoir de la station. Il secoua rapidement Mahyar et Krayn, puis rassembla les affaires. Nos deux héros, perplexes, l'observèrent faire sans réellement comprendre ce qui était en train de se passer.

"Ils nous ont trouvé, dit rapidement Seb. Ils... Ils ont eu Fanta. Je sais pas comment, mais ils l'ont eu. C'est sûr maintenant, ils en ont après nous. Faut se barrer d'ici, ils savent où on est. On prends pas la voiture, on y va à pied."

Il attrapa un sac, le remplit de choses à manger et de bouteilles d'eau avant de le mettre sur son dos. Les trois personnes se mirent immédiatement en route. Ils tracèrent vers la forêt, derrière la station essence, et décidèrent d'aller tout droit, peu importe où tout ce bordel les mènerai. Cependant, plus ils avançaient, plus ils se sentaient oppressés, de manière inexplicable, comme si on les observait. Mahyar jeta un coup d'oeil vers un buisson, puis se stoppa net.

"Les mecs... C'est trop tard. On est pris au piège.
- Quoi ? Non, continue d'avancer, ils nous auront pas, persévéra Seb.
- Ils sont déjà là."

Des hommes sortirent de partout en hurlant. Les trois hommes essayèrent néanmoins de tracer. Krayn reçut la première flèche alors qu'ils entamaient tous trois une descente risquée. Le produit ne fit pas effet tout de suite. Le Streamer faiblissa, se prit les pieds dans une racine avant de s'écrouler au sol. Une marée d'hommes en noir lui tomba dessus. Seb chopa le bras de Mahyar, qui s'était stoppé, le forçant à continuer de courir. Ils se retrouvèrent rapidement coincés par l'autoroute. La traverser était trop dangereux. Mais les hommes se rapprochaient, ils n'eurent pas le choix. Mahyar fut le premier à passer, évitant de justesse les voitures. Seb le guidait depuis le bord, jusqu'à ce qu'il gagne l'autre côté. Seb fit à son tour le trajet, manquant de peu de se faire renverser, seul un recul de dernière seconde l'avait sauvé, pour tout dire. Ils continuèrent ensuite à courir, toujours tout droit alors que derrière eux, les hommes en noir abandonnèrent la chasse, emportant Krayn à la base.



Un autre monde, des aventuriers également dans la galère.

"Cours Bob ! Cours, cours, cours, cours, COURS !"

Cette fois, c'était vraiment la merde. La Terre était en train de s'ouvrir en deux, engloutissant les arbres, les animaux. Bob venait de tomber, dans sa course, se tordant la cheville. Théo était revenu en arrière, juste pour lui. Il souleva le poids plume qu'il était, et repris sa course, Bob sur le dos. Les deux amis réussirent de justesse à atteindre à côté sans trop de dégâts, s'éloignant au maximum de la faille, tout en ignorant la position de Shin, Grunlek et Eden. Les deux se retrouvèrent seuls, couchés dans les fourrés, haletant.

Le sol cessa de trembler, la faille se stabilisa. Au loin, Théo et Bob purent entendre Grunlek hurler leurs noms, visiblement paniqué.

"On est là ! hurla Théo. Tout va bien."

Le paladin de la lumière reposa Bob au sol, en voyant deux ombres humaines et celle d'un loup approcher prudemment. Le groupe fut rapidement de nouveau réuni. Grunlek semblait légèrement blessé au niveau de la joue, mais ce n'était pas très grave. Juste un rocher qui lui avait frôlé le visage. Eden était collée à lui, tremblant légèrement, visiblement effrayée. Le nain essayait de la rassurer, en lui caressant doucement la tête, sous le regard méfiant de Shin.

"C'était quoi ça ? Un tremblement de terre ? demanda Shin. C'était vachement violent quand même ! La faille fait au moins un mètre de large !"

Bob tira une grimace de douleur, quand Théo toucha sa cheville, avant d'hocher négativement la tête.

"Nan, ça, c'était pas naturel. Ca doit être magique, ou pire.
- Tout le cratère a dû ressentir ça ! hurla Grunlek. Qu'est-ce qu'on fait ?
- Qu'est-ce qu'on peut faire contre quelque chose qu'on voit pas ? répondit Théo, en haussant les épaules. Vous vous cassez trop la tête."

A peine sa phrase terminée, Eden se mit soudain à fixer le sol, puis à s'agiter. Moins de trente secondes plus tard, le sol se remis à trembler. Une énorme explosion retentit alors dans le paysage, faisant sursauter tout le monde. Au loin, quelque chose s'envola, tellement vite que personne n'eut le temps de voir ce que c'était. Nos quatre aventuriers se lancèrent un regard inquiet, avant que Théo ne fasse un sort de soin à Bob et que le groupe se remette en route dans un silence pesant.

Chapitre 4 : Panique à bord

Dans cette cellule perdue au milieu de nulle part...

Une fois l'émotion des retrouvailles passées, le silence retomba sur la petite cellule abandonnée. Fanta se laissa tomber contre un mur, visiblement fatigué, et Bob vint immédiatement se blottir contre lui, trop content d'avoir enfin un vrai repère. Leurs corps dénudés auraient dû les gêner, en temps normal, mais là, aucun des deux n'avaient envie de rire. Fred était debout, faisant des allers-retours entre la porte en fer et la lucarne. Il n'était pas patient, alors être enfermé des jours entiers dans une seule pièce, et sans rien à faire, ce n'était pas pour lui. Au moins, Fanta semblait avoir réussi à totalement calmer Bob, c'était déjà un soucis à retirer à la liste des nombreuses choses clochant actuellement. Ne voyant rien d'autre à faire, il décida d'engager la conversation avec l'aîné du groupe.

"Qu'est-ce qu'ils t'ont fait ?"

Fanta baissa immédiatement les yeux sur Bob. Fred venait de toucher un point sensible, mais ça, il ne pouvait pas le savoir. Le réunionnais passa une main sur son crâne, cherchant les mots exacts.

"Quand ils m'ont eu, disons que je ne me suis pas laissé faire. Ca explique une partie des marques sur mon dos.
- Une partie ? demanda Bob, soudainement inquiet."

Fanta soupira doucement, en collant le visage de son compagnon contre lui.

"Mon rôle c'était de vous attirer ici. Mais je voulais pas vous mettre en danger, et j'avais pas envie de les aider, donc j'ai résisté. Ils... Ils m'ont un peu frappé, en me menaçant de tuer Bob si jamais je disais rien... Et quand Seb a appelé... J'ai pas eu le choix.
- Ce n'est pas de ta faute, le réconforta Bob, en le serrant doucement contre lui. J'aurais fait la même chose.
- Seb va bien ? demanda Fred. Et les autres ?
- Ils avaient l'air d'aller bien, mais l'un des mecs s'est trahi, donc je pense qu'ils ont eu le temps de s'enfuir."

C'est le moment que choisit la porte pour s'ouvrir. Trois hommes en noir déboulèrent, et ils posèrent un corps inanimé au sol, celui de Krayn, avant de sortir. Fred tira son ami de manière à le mettre dans une meilleure position. Lui aussi était torse nu, et des marques étranges sur ses bras attirèrent son attention.

"Ils lui ont prélevé du sang, dit calmement Fred.
- A moi aussi, ajouta Fanta, en montrant son bras. Je sais pas trop ce qu'ils veulent en faire."

Krayn s'agita, puis se leva d'un coup, lançant des regards paniqués autour de lui. Puis, réflexe stupide, il cacha ses tétons d'un bras, virant au rouge tomate face à autant de monde, dans cette... tenue. Fred lui offrit un regard amusé, alors que notre gourou des dindons reprenait ses esprits.

"Je... Euh... Salut. Content de vous revoir les mecs."

Il se mit à chercher quelque chose, autour de lui. Son regard se posa sur Fanta et Bob, il fronça les sourcils, visiblement perturbé.

"C'est Fanta, dit rapidement Bob, comme pour se justifier.
- Oui, je l'avais deviné ça. Seb... Et Mahyar ? Ils les ont eu ?
- Apparemment non, répondit Fred. Faut croire qu'ils ont de la chance.
- Je les ai laissé m'attraper, pour leur laisser le temps de fuir. J'espère que ça leur portera chance."

Fred se tourna vers Fanta, se rappelant soudain d'un détail capital.

"Tu as dit qu'ils voulaient Mahyar ? Pourquoi Mahyar ?
- Je ne sais pas exactement. Quand ils m'ont interrogé, sur la table, il y avait un dossier grand ouvert. Ils m'ont laissé seuls un moment, du coup j'ai essayé de capter quelques informations. Et ça parlait de Mahyar, partout.
- Toute cette histoire sent la bite, lâcha Bob en reniflant."

Et il n'avait pas tort.



Au milieu d'une forêt, non loin d'une autoroute...

Seb se laissa tomber sur le sol, épuisé. Mahyar le rejoignit en quelques foulées, puis se stoppa à son tour, reprenant sa respiration. Nos deux derniers rescapés n'en pouvaient plus. Depuis que Krayn s'était fait enlevé, ils n'avaient pas arrêté une seconde de courir, effrayés rien qu'à l'idée que les hommes en noir leur tombent dessus. Après quelques heures, Seb venait de repérer une grotte, et les deux hommes avaient décidé d'un commun accord de s'y stopper pour la nuit. Ils s'installèrent dans le fond de celle-ci à l'abri des regards.

« Mahyar... Il te reste des trucs à manger ?
- Deux barres de céréales et un litre d'eau. On va pas aller loin avec ça. »

Le MJ sortit une des barres et la tendit à Seb, qui commença à la grignoter. Il mourrait de faim. Mahyar préféra garder la sienne pour un peu plus tard, pour le moment, il n'avait pas envie de manger. Seb poussa un soupir plaintif, avant de se coucher à même le sol, et de se recroqueviller sur lui-même. Il lança un petit regard désespéré à Mahyar qui comprit immédiatement.

« Je prends le premier tour de garde. Je te réveille dans deux heures.
- Merci Mahyar, t'es un chic type. »

Il ferma doucement les yeux et quelques minutes plus tard, on pouvait l'entendre ronfler. La première heure, tout se passa très bien. Cependant, alors que notre maître des dès somnolait, un bruit attira son attention. Il se leva doucement pour aller jeter un coup d'oeil dehors. A première vue, il ne semblait y avoir personne. Puis il y eut ce bruit, si caractéristique. La fléchette qui part. Mahyar l'évita de justesse, avant de courir vers l'intérieur de la caverne, secouant violemment Seb. Peine perdue, une flèche vint se loger dans son épaule, il n'était pas prêt de se réveiller.

Mahyar fit volte face, sur la défensive. C'était un cul de sac, il était coincé de toute manière. Un des hommes en noir leva son pistolet dans sa direction et fit feu. Mahyar sentit ses jambes se dérober sous lui, alors que ses yeux se fermaient de manière incontrôlée. Il s'effondra sur Seb. Un des hommes en noir s'approcha, et donna un petit coup de pied dans la jambe du Maître du Jeu, qui ne bougea pas. Très bien. Il mit sa main à son oreille, dévoilant une petite oreillette.

« Boss ? On a enfin le paquet. Et son pote. On les ramène à la base. Terminé. »


Un autre monde....

Le groupe marchait depuis un bon moment maintenant. Théo était en tête, suivi de près par Grunlek et Eden. Shin et Bob étaient à la traîne, comme d'habitude, traînant des pieds, loin derrière eux. Les derniers événements les dépassaient, mais les avaient néanmoins rapprochés. La cheville de Bob allait mieux, même si on pouvait le voir boîtiller de temps à autre, au moins ce n'était pas une fracture. Eden semblait néanmoins toujours un peu nerveuse, jetant des regards paniqués autour d'elle toutes les deux minutes, ou poussant soudain un grognement sourd, sans raison apparente, vers le sol.

«  On va faire une pause, dit soudainement Théo. »

Le paladin était fatigué, lui aussi. Ils n'avaient pas beaucoup dormi ces derniers jours, et ça commençait à se faire sentir. Ils firent encore une lieue avant de trouver un coin tranquille, non loin d'une forêt. Grunlek entraîna sa louve vers le petit ruisseau qui coupait la clairière en deux, pour qu'elle s'hydrate. Bob se laissa tomber sur un caillou, dans une grimace de douleur, et Shin se mit à observer les arbres, à la recherche d'un pommier. Parce qu'il avait faim. Théo commença lui à ramasser des bouts de bois, qu'il jeta sur le sol. Bob ne lui laissa pas le temps de réagir et alluma le feu, par automatisme.

« Bob, je t'ai déjà dit que je pouvais le faire tout seul.
- Je me contrôle de mieux en mieux en ce moment. Et puis je me sens un peu inutile. »

Théo lui offrit un sourire de coin, puis il retira son armure, qui tomba au sol dans un « Bong » métallique. Eden revint soudain vers eux, effrayée. Elle attrapa la robe de Bob et se mit à la tirer, avec sa gueule, avant de repartir vers le ruisseau. Théo la suivit, suspicieux. Ses yeux s'écarquillèrent de surprise. Deux hommes se trouvaient là. L'un d'eux maintenant la tête de Grunlek sous l'eau.

Chapitre 5 : De nouvelles questions

Dans la même bonne vieille cellule....

« A trois, vous êtes prêts ? Hurla Fred. Un, deux, troiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiis ! »

Fred, Fanta et Krayn foncèrent dans la porte en fer, sous le regard désespéré d'un Bob Lennon qui avait tout tenté pour les en dissuader. Krayn se prit la porte de pleine face, avant de tomber en arrière, entraînant Fanta dans sa chute, qui, lui-même, en essayant de se rattraper fit tomber Fred. Une belle brochette d'idiots.

« Mais quelle bande de cons. »

Fred et Fanta lancèrent un regard sombre à Bob, de l'autre côté de la cellule, secouant la tête de désespoir. Krayn était trop occupé à essayer de soulager la bosse sur son front pour s'en soucier. La porte n'avait même pas ne serait-ce que vibrer, c'était peine perdue. En soupirant, Fanta rampa vers un des murs et posa sa tête contre celui-ci. Bob le rejoignit. Fred et Krayn finirent par en faire de même.

« Vous croyez qu'ils vont nous relâcher ? Demanda soudainement Krayn. Parce que les fans doivent s'inquiéter. Ils sont pas stupides, ils vont bien voir qu'aucun de nous ne donne de nouvelles. J'espère tout du moins.
Ils doivent croire qu'on leur fait une blague, dit Bob en soupirant. »

Le Pyro-Barbare se laissa tomber contre Fanta, qui souleva son bras pour le laisse se coller à lui. Un sourire idiot pointa sur le visage de Fred qui resta pourtant silencieux. Puis il y eut ce cliquetis significatif de la porte qui s'ouvre. Ils se lancèrent tous un regard inquiet alors que les hommes en noirs débarquaient dans la pièce, avec le corps inanimé de Seb. Fred ne put s'empêcher de froncer les sourcils en voyant l'état où se trouvait son meilleur ami. Une fois les soldats dehors, il se jeta, sur lui. Le pauvre avait des bleus et des égratignures un peu partout sur le torse, comme s'il avait fait un match de boxe. Seb ouvrit les yeux en bougonnant, puis les écarquilla.

« Qu'est-ce que.... On est où là ? Il est où Mahyar ? Fred ? Pou... Pourquoi j'suis à poil ? Pourquoi VOUS êtes à poil ?!
Du calme Seb.
Mais... On était dans une grotte. Ils nous ont eu ? »

Bob hocha la tête. Seb dévisagea chacun de ses amis. Puis son regard croisa celui de Krayn. Il se sentit immédiatement coupable.

« Krayn... Je suis désolé... On s'est rendu compte que après que t'étais plus là et...
T'inquiète. Je comprends. C'est pas de votre faute. Je l'ai fait exprès, pour vous laisser du temps. »

Il lui sourit timidement, alors qu'un nouveau silence gêné se mettait en place entre les cinq hommes. Un silence reflétant une unique question, qui inquiétait soudainement tout le monde : Où étais donc passé Mahyar ?


Un lit, au milieu d'un laboratoire....

Mahyar eut énormément de mal à ouvrir les yeux. Il était crevé, avait des courbatures de partout, et, pour une raison obscure, il n'arrivait pas à se gratter le nez. Il avait essayé, plusieurs fois, mais son bras semblait peser une tonne. Dans un soupir las, il finit par ouvrir les yeux, remarquant alors la raison du pourquoi il n'arrivait pas à toucher son nez. Ses bras, ses jambes et son ventre étaient retenus par de solides morceaux de cuir, serrés au maximum, si bien qu'il n'arrivait même pas à bouger les orteils.

D'accord. Panique générale. Il se mit à détailler son environnement, pour garder un minimum de calme. Tout était blanc autour de lui, lui rappelant amèrement une chambre d'hôpital. Les murs, les armoires, le sol, le drap qui le recouvrait partiellement, tout. Et en plus il avait froid. Il était torse nu, ce qui, d'habitude n'était pas pour le déranger. En revanche, là, c'était une autre histoire. Il se souvenait vaguement de ce qu'il s'était passé, la course poursuite, la grotte. Seb. Seb ?!

Il essaya de se relever, cherchant son compagnon d'infortune du regard. De toute évidence, il n'était pas là. Mahyar était déjà en train de s'imaginer le pire. Qu'ils allaient tous finir disséquer sur une table, que c'étaient des extraterrestres, qu'on voulait les remplacer. Complots, meurtres, sciences, tentacules. Des milliers de scénarios en train de naître dans son crâne, dignes de plus grands jeux de rôle qu'il avait un jour eu le bonheur de commenter.

« Il y a quelqu'un ? Seb ? »

Pas un bruit. Juste le silence, angoissant. Notre héros sentit une boule se former dans son estomac. A cause du fait qu'il était retenu captif, ou bien par la crainte que quelqu'un ait pu faire quelque chose d'horrible à Seb, et possiblement aux autres. Il était perdu. Il reprit son observation. A sa droite se trouvait une table en fer sur roulette, où un casque énorme trônait, couvert de fils, entouré d'instruments chirurgicaux. Mahyar tira une grimace, tout ça ne lui plaisait pas.

Le mur en face de lui coulissa soudain, s'ouvrant comme une porte, et deux hommes en combinaison noire, armés, et une femme dans une robe de la même couleur entrèrent dans la salle. Elle avait les cheveux tirés en arrière, et tout dans sa carrure, dans son visage indiquait qu'elle était quelqu'un d'important. Le Maître des dès plissa les yeux, méfiant. Les hommes en noir étaient ceux qui les avaient traqués pendant des jours et des jours.

« Bonsoir monsieur Shakeri. »

Mahyar ne répondit pas. Il ne fallait pas rêver non plus. Ils le kidnappaient et ensuite ils voulaient qu'il soit docile et soumis ? Plutôt rêver. Il tenait à sa liberté, et s'il n'avait pas envie de parler, il ne parlerait pas. La femme en face de lui sembla presque déçue de le voir silencieux. Elle poussa un soupir.

« Je me nomme Miranda Dumont, chef du projet de recherche des vies étrangères de ce monde. Nous vous surveillons depuis très longtemps Monsieur Shakeri, et je dois dire que je suis.... Impressionnée par votre évolution. »

Mahyar haussa un sourcil. Le projet de recherche de quoi ? Vies étrangères ? Ça voulait dire quoi ça ? Il se mordit la lèvre, non, il ne pouvait juste pas rester silencieux pour le coup, trop de questions venaient de lui venir en une fois.

« Enchanté, répondit-il simplement, sur un ton glacial. Où sont mes amis ? Qu'est-ce que vous leur avez fait ? »

La dénommée Miranda sembla agacée par sa question. Visiblement, ce n'est pas ce qu'elle attendait. Elle prit un air détaché, puis sourit poliment.

« Ils sont en quarantaine. Nous voulons les étudier un peu avant de les relâcher, voir si vous avez eu un quelconque impact sur eux. Puisque, voyez-vous, ils ne sont que des humains lambdas. Vous, vous êtes bien plus que ça.
- Des demoiselles m'ont déjà surnommé de toutes les manières possibles pour dire que j'étais soit Dieu, soit le Diable, ne vous fatiguez pas. Elles le font de toute évidence mieux que vous. »

La femme se crispa, irritée. Elle attrapa le casque sur la petite table en fer et se tourna vers lui.

« Nous allons commencer par quelques tests simples sur votre cerveau, dit-elle d'une voix étonnamment froide, qui fit frémir Mahyar. Et ensuite nous répondront à vos questions.
- Qu'est-ce que vous allez me faire ?!
- Vous le découvrirez bien assez tôt. »

Elle plaça le casque sur la tête du Maître des dès, qui ne pouvait rien faire pour se débattre, puis elle quitta la salle, avec ses sbires. A peine quelques secondes plus tard, une secousse électrique le fit hurler avant de le faire sombrer dans l'inconscience, après de longues minutes de spasmes.


Au même moment, dans un autre monde....

Théo dégaina doucement son épée. Les deux agresseurs de Grunlek ne l'avaient pas encore vu, trop occupés à rire à gorge déployées. Le nain était en train de se débattre, et notre paladin avait assez de connaissance sur le corps humain pour savoir qu'il ne tiendrait pas longtemps. Bob rejoignit le guerrier presque immédiatement, Eden prêt de lui. Il lança un regard inquiet à Théo en découvrant la scène. Le paladin tira le mage derrière un gros arbre.

Un des hommes sortit la tête du nain de l'eau, attendit deux secondes, puis la replongea aussitôt dans le lac. Théo se tourna vers Bob et se mit à chuchoter.

« Tu crois pouvoir réussir à crâmer le garde ? J'm'occupe de celui qui retient Grunlek. Et un feu léger, c'est clair ?!
- J'vais faire ce que je peux. »

Les deux hommes prirent une direction différente. Théo passa derrière les buissons, pour surprendre l'homme. Lorsque Bob commença à faire du feu, le garde dégaina son épée et se dirigea vers la source lumineuse. Théo bondit hors des buissons au même moment, et se précipita en hurlant vers l'autre homme, qui se releva immédiatement, relâchant par la même occasion Grunlek. Il dégaina une épée, et les deux se mirent en garde.

Derrière eux, Bob lança la boule de feu, qui percuta de plein fouet l'homme se dirigea vers lui. Il tomba au sol et commença à se consumer dans un hurlement de douleur, qui fit rire machiavéliquement le pyromage. Ce dernier s'attela ensuite à reprendre ses esprits, pendant que Théo terminait d'achever son adversaire, peu expérimenté, qui s'était pris deux coups d'épées dans le ventre.

Eden était en train de lécher le visage du nain, la queue battant furieusement l'air alors que ce dernier caressait l'encolure de l'animal. Il se tourna vers ses deux amis.

« Mer... Merci. Ils m'ont pris par surprise, je sais pas ce qu'il s'est passé. »

Théo hocha la tête, puis se dirigea vers le cadavre de l'homme. Il se mit à fouiller, dégotant quelques pièces d'or. Puis un symbole attira son attention, sur son épaule. Une espèce de cercle, où se trouvait une représentation d'un diable.

« Bob ? Tu connais ce symbole ? »

Le pyromage tout juste remis de sa réussite, se dirigea vers le corps, et fronça les sourcils, alertant le paladin et le nain.

« Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Théo
- Ce symbole, c'est un symbole très ancien, utilisé par les vieux mages pour des sorts de contrôle. Ils sont interdits dans le Royaume depuis presque mille ans. Ces hommes étaient contrôlés.
- Contrôlés par qui ?
- Je l'ignore. Seuls deux mages ont réussi l'exploit de contrôler un être humain comme un vulgaire animal. Mais tous deux sont morts aujourd'hui.
- Et bien, dit Grunlek, on dirait que c'est de nouveau la merde.... »

Et il n'était pas loin de la vérité.

Chapitre 6 : Prise de risques

Dans la cellule....

« Bob, tu baves. »

Fanta écarta doucement le visage de Bob de son torse musclé, contre lequel le Pyro-Barbare était endormi. Il ne se réveilla même pas, se contentant de reserrer sa prise sur son ami en poussant un couinement plaintif. Le Réunionnais céda et le laissa se blottir contre lui. La plupart des personnes présentes étaient désormais en train de dormir, à l'exception de Fanta, réveillé il y a quelques minutes par quelque chose de liquide lui ayant coulé sur les doigts, et de Krayn, assis contre le mur, visiblement perdu dans ses pensées. Fred et Seb étaient dans le fond de la cellule, en train de faire le concours de qui ronflerait le plus fort. Fanta essaya de se remettre en position assise, chose très délicate qu'il abandonna rapidement. Bob le maintenait bien au sol, impossible de s'échapper. Mais bon, pour une fois qu'il dormait, il n'allait pas se plaindre.

Il allait se rendormir quand un bruit attira son attention, à l'extérieur de la cellule. Krayn et Fanta se lancèrent un regard inquiet. Des bruits de pas, nombreux. Tous deux s'attendaient à ce qu'on leur ramène Mahyar, puisqu'il était le dernier manquant toujours à l'appel. Il y eut un attroupement devant la porte, probablement annonciateur de quelque chose de mauvais. Fanta posa une main protectrice sur Bob, marmonnant des choses dans son sommeil. Krayn se releva instantanément, nerveux, s'éloignant un peu de la porte.

Le grincement de la porte réveilla Bob en sursaut. Il serra encore un peu plus Fanta, ses yeux paniqués cherchant un point de repère quelconque. Les soldats s'écartèrent, laissant passer une femme d'âge mûr, en costume, ses cheveux blonds soigneusement attachés en queue de cheval. Fanta la reconnut immédiatement. Bob sentit le Réunionnais se tendre sous lui, si bien qu'il devina sans mal que cette femme devait avoir un rapport avec les horribles marques qui recouvraient le dos de son ami. Elle sourit presque sadiquement quand son regard croisa celui de Fanta, Bob se sentit bouillonner de l'intérieur, mais Fanta le retenait fermement.

« Je suppose que vous devez nous en vouloir, dit-elle sur un ton glacial. Mais ce n'était que le commencement. Voyez-vous, vous êtes le plus robuste de tous, et on va encore avoir besoin de vous.
- Allez vous faire foutre, lui répondit instantanément Fanta sur un ton agressif, trahissant à la fois sa colère et sa peur. »

Elle soupira, visiblement lassée. Dans le fond de la cellule, Fred et Seb se réveillèrent, alertés par le bruit. Fred se leva directement, malgré la réticence de son collègue, qui essaya mollement de le retenir. Il se dirigea d'un pas décidé et chopa la femme par le col, la plaquant au mur, provoquant un affolement du côté des soldats qui sortirent tous leurs armes, les pointant dans la direction du Joueur du Grenier, qui s'en fichait royalement.

« Pourquoi vous nous avez kidnappés ? Qu'est-ce que vous voulez de nous ? Et où est Mahyar ?! J'vous jure que si vous lui avez fait du mal...
- Oui ? Répondit-elle sur un ton de défi. Qu'est-ce que vous allez me faire si je lui ai fait du mal ? »

Fred serra les poings, luttant de toutes ses forces pour ne pas lui envoyer son poing au visage. La femme avança un peu son visage, le plaçant à seulement quelques centimètres du sien.

« Si vous ne me lâchez pas d'ici trois secondes, je leur ordonne d'exécuter un de vos amis. Le plus faible psychologiquement, qui nous fait perdre un temps précieux. »

Elle lança un regard mauvais vers Bob. Fred serra les dents, avant de la relâcher et de reculer doucement, essayant de garder son calme. Elle sourit, tout en défroissant son costume. Fanta relâcha la pression et se leva doucement.

« Fanta, fais pas le con, dit doucement Bob, qui lui était resté assis. »

Un étrange nœud était en train nouer l'estomac de notre Pyro-Barbare. Il savait déjà ce que Fanta s'apprêtait à faire, et ça ne lui plaisait pas du tout. Fanta lui lança un regard désolé, avant de s'avancer doucement devant la femme.

« Je veux bien venir mais à une condition.
- Je vous écoute.
- Ne menacez plus jamais Bob, n'osez même pas lever la main sur lui. Ou sur ma vie, je vous tuerai de mes mains. »

Elle sembla réfléchir, puis haussa les épaules, tout en lançant un regard dédaigneux au plus jeune.

« Très bien, déclara t-elle. On ne lui fera pas de mal. Mais vous, en revanche, allez devoir obéir cette fois, d'accord ?
- On verra. J'ai pas toute la journée, aller. »

Des gardes entrèrent, avec une paire de menottes. Fanta soupira en se retournant, leur présentant ses mains. Fred lui lança un regard peiné, avec que Bob était déjà à deux doigts de la crise de panique. Fanta se radoucit.

« Bob, eh, t'inquiètes pas, je vais revenir vite. Fred, tu veilles sur lui ?
- Toujours. Fais gaffe à toi. »

Il hocha la tête alors que les gardes l'emportaient à l'extérieur. La porte en métal se referma, laissant un grand vide, autant dans la pièce que dans le cœur de Bob, plus inquiet que jamais pour son meilleur ami.


Sur un lit, au beau milieu d'un laboratoire, toujours attaché.

Mahyar ouvrit difficilement les yeux, avec un mal de crâne atroce. Tout tournait autour de lui, il avait l'impression d'être dans un bateau au milieu d'une tempête. Il essaya de se relever, mais regretta amèrement son geste. Le tournis lui reprit, plus fort. Il ferma les yeux un moment, essayant de calmer sa migraine. Ce petit manège fonctionna un peu. Il commençait à revoir clair. Il avait toujours cet horrible casque sur la tête, celui qui lui envoyait une pulsion électrique dans le crâne toutes les heures. Il était épuisé, et ne demandait qu'à rentrer chez lui, boire une énorme tasse de café et se replonger dans un livre de jeu de rôle.

Des pas. Il releva doucement la tête, espérant bien voir débarquer cette femme. Celle dont il n'arrivait déjà plus à se souvenir de son nom. La porte camouflée dans le mur s'ouvrit sur des laborantins, qui ramenèrent un lit, avec une personne dedans, qui lui était inconnu. Puis ils quittèrent la pièce. L'autre personne était attachée, elle tourna sa tête dans sa direction, avant de sourire tristement.

« Mahyar Shakeri hein ? »

Mahyar reconnut presque immédiatement la voix de la personne. Il sembla analyser la situation rapidement.

« Fanta ? Vous... Tu...
- Tutoie-moi, le vouvoiement ça fait vieux.
- On a le même âge.
- Oh la ferme. »

Notre Maître du Jeu sourit imperceptiblement. Il ne le connaissait que depuis quelques secondes, mais il lui plaisait bien. Les gens qui avait du répondant et qui lui résistait, c'est tout ce qui plaisait au maître des dès.

« Tu as des nouvelles des autres ? Demanda Mahyar, une pointe d'inquiétude dans la voix.
- Oui, ils sont dans une cellule, dans un autre bâtiment. Ils vont bien.
- Et toi ?
- Moi ?
- Tu vas bien ? »

Fanta resta un long moment silencieux, puis il tourna vers Mahyar, un regard déterminé.

« C'est pas important. Le plus important c'est de trouver un moyen de te tirer d'ici. Ils en ont après toi. J'ai vu un de leurs dossiers, ils ne parlent que de toi, partout. »

Le MJ haussa un sourcil. Jusque là, il avait été persuadé que les autres subissaient le même sort que lui. Fanta venait de remettre en doute toutes ses certitudes. Pourquoi lui ? Qu'est-ce qu'il avait bien pu faire pour qu'on s'en prenne à lui de la sorte ? La femme avait dit qu'ils le surveillaient depuis très longtemps. Pourquoi ? Tant de questions se bousculaient dans sa tête, si bien que sa migraine reprit.

« Tu sais pourquoi ils m'en veulent ? Demanda Mahyar dans un soupir.
- Non, j'ai pas eu le temps de lire tout. Mais ils avaient l'air de te suivre depuis un moment déjà, vu toutes les photos de toi qu'ils avaient. Et des très anciennes. »

Un petit bip rappela Mahyar à l'ordre. Il était l'heure. Il poussa un soupir, alors que la décharge était envoyé. Sous les yeux impuissants de Fanta, Mahyar se mit à convulser en hurlant, pendant bien deux minutes. Puis il cessa de bouger, l'électrocardiogramme devint plat. Fanta se mit à paniquer, tirant en vain sur ses liens, hurlant après des infirmières, n'importe qui. Puis, dix minutes plus tard, alors que tout espoir semblait perdu. Un bip retentit à sa droite, et le cœur du MJ se remit à battre normalement.

Chapitre 7 : Sortie de rêve

Quelque part d'inattendu...

Mahyar était bien, là, dans le noir. Loin de tout. Loin du monde. Le soleil réchauffant son visage froid. Quoi ? Le soleil ? Dans un laboratoire ? Il ouvrit un œil, puis le second, avant de planter littéralement sur place. Il n'était pas dans le laboratoire. Il était assis au milieu d'un parterre couvert de feuilles mortes, et recouvert par une forêt. Une énorme forêt. Il se releva doucement. Qu'est-ce qu'il faisait là ? Le dernier souvenir qu'il avait, c'était ce bip strident annonçant une décharge électrique, et Fanta. Il était mort ? Non pas que ça le gênait, mais quand même. Il n'avait même pas eu le temps de finir la critique de son dernier jeu de rôle avec tout ce bazar. Et ça le contrariait.

Il se releva, cherchant à se repérer. Difficile. Il y avait des arbres, c'était certain. Mais à part ça... Il fit quelques pas, droit devant lui. Après une bonne heure de marche, il n'avait toujours pas trouvé de route, de signes de civilisation, et il commençait très sérieusement à angoisser. Il était totalement perdu. Il était toujours torse nu, et il avait froid. Une brise hivernale soufflait sur les lieux. Il fallait qu'il trouve un endroit où se mettre à l'abri, où se réchauffer.

Il continua à avancer, la boule au ventre. C'est à ce moment précis qu'il commença à se sentir suivi. Ce n'était qu'un léger bruit de feuillages au début, puis des bruits de pas. Mahyar accéléra l'allure, peu rassuré. S'il pouvait fuir le conflit, il n'allait pas se gêner. Mais sans le savoir, il était en train de se faire rabattre comme un vulgaire lapin. Et ce qui devait arriver arriva. Deux hommes sortirent de nulle part, lui bloquant la route, alors que ceux qui le suivaient sortaient de leurs cachettes. Ils étaient six, il était seul.

« Qu'est-ce que vous me voulez ? Demanda Mahyar d'une voix lasse. »

Notre Maître des dès en avait sérieusement marre de courir tout le temps. Autant se poser et parler de vive voix. La parole, un art qu'il maîtrisait assez bien. Les personnes en question se lancèrent un regard surpris. Ils étaient habillé de haillons et malgré leur détermination, la fatigué était clairement présente dans leur regard.

« Nous ? Qu'est-ce qu'on veut ? Cracha l'un d'eux. Se faire du pognon comme tout le monde dans ce pays de merde.
- C'est bien d'avoir de l'ambition, répondit Mahyar, ne pouvant s'en empêcher.
- Ils ont besoin d'esclaves, à la Capitale.
- Ah. »

Bon, au moins leurs intentions étaient claires désormais. Le seul petit problème c'est qu'ils l'encerclaient. Un d'eux s'approcha derrière lui. Mahyar l'avait vu arriver, il fit volte-face, surprenant son kidnappeur. Parce qu'ils croyaient qu'il allait se rendre peut être ? Il n'eut pas le temps de réfléchir d'avantage, il reçut un coup par derrière, le déséquilibrant. Il poussa un râle sourd et se mit à se débattre alors qu'on lui attachait les mains dans le dos.

Une forte main le souleva. Il profita de l'occasion pour planter sa mâchoire dessus. L'homme le lâcha. Mahyar piqua un sprint, tout droit, évitant par il ne sait quel moyen une flèche qui vint se loger à quelques centimètres de sa tête. Cependant, avoir les bras attachés le déséquilibrait, et la deuxième flèche, il ne put l'éviter. Elle vint se planter dans son épaule. Il essaya de se relever, mais la douleur et l'incapacité d'utiliser ses mains l'en empêcher. Celui que le Maître du Jeu avait mordu vint lui placer un couteau sous la gorge.

« Foutez-le avec l'autre. S'il s'échappe encore, tuez le. »

Mahyar grogna quand on lui arracha la flèche, puis il fut soulevé, et traîné vers une roulotte. La porte s'ouvrit, il fut balancé dedans. Il s'écroula contre quelque chose de chaud, un autre être humain de toute évidence. Il lui détacha les mains.

« Tu sais te battre ? Demanda t-il immédiatement.
- Je... Euh... »

Il ne l'écoutait pas, trop occupé à essayer de retirer la muselière d'un énorme loup blanc, couché dans le fond, qu'il n'avait pas remarqué. Le cerveau de Mahyar ne sut pas comment agir. Cette voix. C'était celle de Krayn. Cependant, la personne en face de lui était de petite taille, et avait une longue barbe blanche. Et un bras mécanique. Le Maître des dès se sentit défaillir.

« … Grunlek ?
- Vous me connaissez ? »

Des bruit de pas. Grunlek hocha négativement la tête. Il tendit un bâton assez solide à Mahyar qui le prit sans vraiment trop savoir quoi en faire.

« Prépare-toi. On va s'échapper d'ici. »

La porte s'ouvrit. Le loup se releva et grogna. Le nain sourit.

« Eden. Attaque. »

La louve sauta au visage de la première personne qui se trouvait derrière.


Deux heures plus tôt...

Balthazar Octavius Barnabé était en train de débattre avec lui-même sur le sceau qu'ils avaient trouvé un peu plus tôt. Grunlek, Théo et Shinddha ne l'écoutaient plus depuis longtemps. Trop de mots compliqués dans une seule phrase, leurs cerveaux épuisés n'avaient pas voulu chercher à comprendre. Shin somnolait contre Théo, sur Lumière, fatigué, alors que Grunlek cherchait un moyen de faire taire le mage, installé sur Brasier, derrière lui. Eden trottait joyeusement entre les deux chevaux, disparaissant de temps à autre dans les fourrés. Elle avait déjà attrapé trois lapins, pour le plus grand bonheur de Grunlek qui n'avait plus de provisions.

Ce fut d'ailleurs une disparition soudaine d'Eden pendant plus d'une demi-heure qui inquiéta Grunlek. Généralement elle revenait au bout de dix minutes. Le nain fit signe de ralentir à Théo, qui le fit, non sans râler sur le fait que son « clebs faisait perdre du temps au groupe » et blablabla. Mais il s'en fichait. Puis il y eut ce cri. Un appel à l'aide de la louve. Grunlek ne réfléchit même pas, il sauta de cheval et partit en courant vers les hurlements de son amie, malgré Théo lui demandant d'attendre derrière lui.

La trouver ne fut pas bien difficile. Elle était au beau milieu de la forêt, les quatre pattes attachées entre elles, et muselée grossièrement avec une corde. Elle se mit à gémir en le voyant, tout en lançant des regards et des couinements vers les buissons. C'était de toute évidence un piège. Une voix retentit derrière lui, celle de Bob, paniquée.

« Grun ! C'est un piège ! Laisse Eden et cours. »

Il lança un regard paniqué à la louve, puis aux buissons. Non. Il prit de l'élan, courut vers Eden, la souleva et fit demi-tour au trop. Des hommes sortirent de tous les côtés en hurlant. Il se retrouva rapidement encerclé, plaqué au sol, puis attaché. Puis il fut balancé dans une roulotte prison. Il commença à se débattre, sous le regard d'une Eden peu rassurée. Au moins, ils l'avaient laissé avec la louve. A force d'acharnement, il réussit à libérer son bras humain. Mais du bruit à l'extérieur contraria son plan. Il replaça ses mains dans leur position d'origine et attendit. Un second homme fut balancé dans la roulotte, et il devait se l'avouer, il fut ravi de voir que ce n'était pas un de ses compagnons.

Bob, Shin et Théo avaient rebroussé chemin, et ne s'étaient rendu compte de la disparition de leur ami qu'après une dizaine de minutes. Ils se lancèrent un regard décidé, attrapèrent leurs armes, les chevaux, et se préparèrent au combat.


Pendant ce temps, dans un autre monde...

« Mahyar ? Mahyar tu m'entends ? »

A force d'acharnement, Fanta avait réussi à se détacher de son lit et était désormais en train de secouer Mahyar, essayant en vain de le réveiller. Il ne savait pas quoi faire, il ne savait même pas comment fonctionnait tout ce bordel innommable de boutons et de fils. Le Maître du Jeu ne bougeait pas d'un pouce. Seule sa poitrine se soulevant à un rythme régulier indiquait qu'il était encore vivant. Vu le temps où il était « mort », Fanta craignait qu'il soit mort cérébralement. Mais un stupide espoir l'animait encore et le poussait à continuer de le secouer.

« Allez s'il te plaît... Tu peux pas juste... Mourir comme ça ! Réveille-toi, s'il te plaît. »

Le bruit caractéristique de la porte qui s'ouvre surprit Fanta. Il se crispa sur le corps du Maître des dès, alors que Miranda Dumont, accompagnée de trois sbires, et de deux scientifiques, vu leurs blouses blanches, entra dans les lieux. Ses lèvres se pincèrent quand elle vit que son cobaye était debout et pas dans son lit. Fanta était tendu, prêt à la fuite.

« Remettez M. Chevillard au lit s'il vous plaît.
- C'est Fanta pour vous. Appelez moi encore une fois par mon vrai nom et...
- Et quoi ? Nous détenons votre meilleur ami, nous pouvons facilement envoyer des snipers abattre votre femme. Modérez vos propos. »

Fanta serra les poings. Puis, toujours crispé, il gagna son lit. Il ne voulait pas mettre sa famille en danger. Et encore moins Bob. Les sbires sortirent des menottes et lui attachèrent poignets et chevilles, aux barres du lit. Les scientifiques s'approchèrent de Mahyar.

« Ne le touchez pas, grogna Fanta, menaçant. »

Miranda poussa un soupir, attrapa un talkie walkie. Fanta se sentit blêmir.

« Faites pas ça, s'il vous plaît. Je dirais plus rien.
- Trop tard. Harry ? Blesse-le. »

Sur les télés du fond, l'image de la cellule apparut. Les salauds, ils avaient non seulement l'image, mais le son. Fanta sentit son cœur se serrer.

« Je suis sûr qu'il va s'en tirer, dit calmement Fred. Fanta va leur foutre la pâté, tu vas voir.
- Mais s'il le tue...
- Il les tuera avant.
- T'es con.
- L'espoir fait... »

La porte de la cellule s'ouvrit brutalement, faisant sursauter tout le monde. Un homme armé entra dans la pièce, sous les regards perturbés des personnes présentes. Fanta se mit à se débattre. Il savait déjà ce qui allait se produire.

« S'il vous plaît... Je me rends okay. Lui faites pas de mal. Juste foutez lui la paix. Disséquez-moi si vous voulez, mais ne le touchez pas. Vous avez promis.
- Et bien... Le marché est annulé. De toute évidence. »

L'arme se leva vers Bob Lennon. Fanta se mit à hurler alors qu'un coup de feu sourd résonnait non seulement dans la cellule, mais également dans le laboratoire.

BON-SOIR ! Vous l'attendiez avec impatience, voilà enfin le nouveau chapitre du Survivant de l'Enfer ! J'ai tellement tellement d'idées pour cette fanfiction, ce n'est que le début de l'aventure les amis ! Tout d'abord, un grand merci à TsukiKaneko, Mikeyran, Gwen la Sanglante, Yukino, Shueino et LolaLola23111963 pour les reviews Contente de voir de nouvelles têtes, c'est adorable ! Levons un peu le suspens donc. J'ai décidé de faire des lancers de dès pour le combat

Chapitre 8 : Perte de repères

Dans un endroit étrange...

Un cri de surprise, puis de douleur se fit entendre. Dans un hurlement, Grunlek suivit sa louve et bondit hors du chariot. Cependant, malgré les coups féroces qu'il donnait, atteignant tantôt le ventre, tantôt la petite fleur, là, qui n'avait rien demandé, le nain se retrouva rapidement maîtrisé, plaqué au sol par deux de leurs kidnappeurs. Mahyar tenta vainement d'intervenir. Il s'approcha d'un garde, et, avec force, lui écrasa le bâton sur la tête. Bâton qui se brisa en deux lamentablement. La proie du maître des dès se retourna. Il détailla d'un sale œil le Maître des dès qui se mit à reculer lentement. Bien trop tard. Le garde leva son bouclier, et il n'eut pas le temps de l'éviter. Mahyar fit un magnifique vol plané, qui se termina dans les rochers, dans un « Bong » violent. Il ne restait plus qu'Eden, sur ses gardes. Deux hommes l'encerclaient, l'un d'eux avec une corde dans la main.

« Petit petit petit. Viens voir Papa. AAAAAAAAAAAARGH ! LE CON ! IL M'A MORDU ! Abats-le ! ABATS-LE JE TE DIS ! »

Eden bondit, et chopa son agresseur à la jambe, le mordant avec force. Il hurla de douleur. Et par chance, à quelques mètres de là, Bob, Théo et Shinddha l'entendirent. Le paladin accourut le premier, dégainant son épée dans sa course. Il se jeta dans la bataille sans réfléchir, blessant un de ses assaillants à la jambe dès le premier coup. Shin sortit son arc, et cristallisa une flèche. Il prit son temps pour viser, et tira. La flèche vint se loger exactement entre les deux yeux d'une des personnes qui retenait Grunlek. Ce fut suffisant pour le nain. Il dégagea son bras métallique, et envoya le second voler au loin. Bob, resté à l'écart, croisa le regard de Mahyar, se relevant difficilement de son tas de cailloux.

Il avait pris cher. Il ne se sentait pas très très bien, et en sentant quelque chose couler le long de son dos, il sut immédiatement qu'il saignait. Bob se dirigea d'un pas décidé vers lui, méfiant. Les yeux du mage s'illuminèrent d'une lueur folle. Mahyar prit peur. Il allait le tuer.

« BOB ! Il est avec nous ! Hurla Grunlek de loin, tout en repoussant un assaillant. »

Balthazar fit une moue presque... déçue. Il secoua la tête, et reprit un air amical. Un des soldats tenta une retraite, maladroite. Sauf que les deux hommes lui barrait la route. Il dégaina son épée, dans un cri sauvage, et se jeta sur le mage. Les yeux de Balthazar s'illuminèrent, alors qu'une longue flamme sortait de ses mains. Elle frappa le garde en plein torse. Il se mit à hurler, à se rouler à terre. Une épée dorée se planta dans sa poitrine, le tuant sur le coup.

Le silence retomba sur la forêt. Grunlek, Shin et Eden rejoignirent Bob, Théo et Mahyar. Globalement, tout le monde allait bien. Les blessures de Mahyar n'étaient que des égratignures. Mais ce n'était pas le plus important. Notre Maître des dès se trouvait actuellement devant des personnages de fiction, qui semblaient pourtant bien réels. Comment était-ce possible ?

« On t'avait dit de laisser Eden Grunlek, grogna Théo sur un ton de reproche.
- Bien sûr, j'allais la laisser se faire massacrer. Et regarde, on a sauvé quelqu'un aujourd'hui, tu pourrais me remercier. »

Le regard dédaigneux de Théo se posa sur Mahyar, toujours choqué. Il frissonnait. Bob le remarqua, et retira sa cape. Il lui tendit le tissu.

« C'est quoi ton nom ? Demanda le paladin sur un ton brusque, presque agressif.
- Mahyar Shakeri, répondit l'intéressé dans un automatisme. »

Les yeux de Théo se figèrent. Bob fut surpris. Il aurait répliquer en temps normal, pour garder un avantage, terroriser, le faire fuir. Mais là... Rien.

« Théo ? Appela doucement Bob.
- Je... Euh... Oui ! Qu'est-ce que vous faisiez dans les bois ?
- Longue histoire... répondit Mahyar. Je ne sais même pas moi même. En tout cas merci. De ne pas m'avoir tué. »

Grunlek hocha la tête. Puis il se mit à fixer intensément Théo. Le paladin le remarqua, et poussa un soupir las.

« Très bien. Vous voulez venir avec nous ? Au moins jusqu'à la prochaine ville ?
- Avec plaisir. C'est adorable de votre part.
- Remerciez Grunlek. Allez, en route. »

Le groupe se mit en marche lentement, laissant un Mahyar songeur, ne sachant plus réellement s'il était content d'être ici ou s'il devait s'en inquiéter.


Au même moment dans une cellule bien connue...

Bob se mit à hurler quand Krayn lui effleura l'épaule. Il se mit instantanément à se débattre, les larmes aux yeux. Mais notre streamer l'ignora, concentré. La balle était logée dans son épaule, et elle était à portée de doigts. Fred et Seb devaient l'empêcher de bouger, en le maintenant au sol. Fred était à moitié allongé sur lui, l'empêchant de bouger les bras, alors que Seb se chargeait de maintenir ses jambes.

« Je l'ai ! Tenez-le bien ! »

Krayn mit à profit les deux derniers mois de musculation pour tirer la balle de l'épaule de son ami. Bob se remit à crier de douleur, en suppliant qu'on arrête de lui faire du mal. Le bout de métal quitta enfin son organisme, après un dernier effort. Krayn posa la balle derrière lui, puis arracha un bout de son pantalon, le roula en boule, le plaça sur la blessure et se mit à appuyer dessus, faisant gémir de plus belle le Lennon, que Fred et Seb relâchèrent enfin.

« Pourquoi il a fait ça ? Demanda Seb d'une petite voix, la vue de tout ce sang le mettant mal à l'aise.
- Je sais pas, lui répondit Fred. Mais il a tiré sur Bob à bout portant, donc c'était bien lui qu'il visait. - Et qui est le plus proche de Bob ?
- Tu crois que c'était un avertissement pour Fanta ?
- Il faut croire que ces malades sont prêts à tout... »

Krayn blêmit en sentant Bob devenir soudainement tout mou. Le Pyro-Barbare était en train de perdre pied, ses yeux se fermaient doucement.

« Bob ? Bob, garde les yeux ouverts.
- J'ai maaaaal.
- Je sais, mas j'ai pas envie que tu tombes en état de choc ou je ne sais quoi d'autre. Quitte à ce que Fred te foute une tarte à chaque fois que tu fermes les yeux. »

Krayn souleva légèrement Bob, et lui fit un bandage improvisé avec son reste de pantalon. Il ne fallait surtout pas que la blessure s'infecte. Cependant, et malgré l'acharnement de ses compagnons, Bob finit par sombrer dans l'inconscience, après une heure de lutte.


Dans le laboratoire...

Miranda observait, avec un sourire malsain, Fanta se faire attacher sur son lit, de manière à ce qu'il ne puisse pas s'échapper de nouveau. Le Réunionnais était silencieux depuis l'accident, broyant du noir. Sa tortionnaire avait laissé la caméra allumée, il avait pu suivre toute la scène, la boule au ventre, alors que la culpabilité rongeait son être tout entier. Ce qui était arrivé était entièrement de sa faute. Et il s'en voulait horriblement.

Une fois le Youtuber solidement attaché, Miranda attrapa une chaise et s'installa au chevet de son prisonnier. Fanta plissa les yeux, méfiant. Que lui voulait cette folle encore ? Elle n'avait pas fait assez de mal comme ça ?

« Vous devez avoir des questions, non ? »

Fanta détourna le regard, et ne répondit pas. Miranda en parut agacé.

« Vous boudez ? Parce qu'on a fait du mal à votre chien de compagnie ? Dans moins de deux mois il sera mort de toute manière. Comme nous tous. A moins que cet homme là bas réussisse une mission capitale dont il n'a aucune idée.
- Pardon ?
- La fin est proche. Et vous êtes désormais le seul assez solide mentalement pour nous aider à accomplir notre grand projet. »

Elle se leva, et attrapa un casque, semblable à celui qui reposait sur la tête de Mahyar. Fanta hocha négativement la tête. Il avait vu ce que ce casque faisait.

« Je suis extrêmement sérieuse. Nous allons vous implanter une puce dans le cerveau. Elle nous permettra de communiquer avec lui, à travers vous. Ce ne sera pas très agréable. Et vous devez être conscient. »

Miranda fit un signe à deux hommes en blouse blanche d'approcher. Fanta poussa un profond soupir. Cette journée allait être longue.


Et voilà pour ce nouveau chapitre :3 L'intrigue se met tout doucement en place. Vous êtes dans le flou total ? C'est normal Et ça ne va faire qu'empirer. Préparez-vous, le bordel ne fait que commencer :3 N'hésitez pas à laisser une petite review, je ne carbure qu'à ça A très vite pour un nouveau One-Shot, ptêtre sur Enoch et Bob, ou sur Fanta et Bob, j'ai pas encore décidé ! Bisouilles !