Royaume en Perdition

Bonjour, bonsoir, selon l'heure à laquelle vous êtes en train de lire ça ! Aujourd'hui est un grand jour, je me lance enfin dans une grande fanfiction à chapitres sur Aventures ! Ca fait un moment que je bosse dessus, donc j'espère que ça vous plaira ! J'vais essayer de poster un chapitre par semaine pendant les vacances (voir deux, si vous êtes sages) en fonction de l'avancée de l'écriture !

Disclaimer : Théo Silverberg, Shinddha Kory, Grunlek et Balthazard Octavius Barnabé appartiennent à Fred et Seb du Grenier, Krayn et (sexy) Bob Lennon. L'univers d'Aventures et ses personnages appartiennent à notre Maître du jeu de l'amour, Mahyar (z'avez vu, j'écorche plus son nom \o/). "Aventures" est la propriété de Bazar du Grenier. Les autres personnages susceptibles d'apparaître seront ma propriété. Comme d'habitude, je ne touche pas d'argent pour mes écrits ! Toute copie partielle ou totale de ce texte et interdite !

Note de l'auteur : Si Bob survit jusqu'à la fin, je déclare que c'est Noël tous les jours. Il y aura peut être également un peu de Théltazard et de Shinéo (oui oui, c'est le nouveau ship du jour).

Résumé : Alors que Shin, Bob, Grunlek et Théo sont en plein voyage, ce dernier reçoit une lettre des plus inquiétantes. Une nouvelle aventure commencent alors pour nos quatre héros.


Chapitre 1 : Une lettre inquiétante

L'ascension du soleil venait tout juste de débuter sur la région du Cratère, inondant le territoire de lumière annonçant une nouvelle journée ordinaire pour ses habitants. Dans une forêt couverte par d'immenses arbres, à l'extrême ouest de la région, non-loin des vertigineuses montagnes, quatre aventuriers et un loup s'éveillaient doucement. Allongé contre son cheval, Théo Silverberg, le paladin de la lumière, fut le premier à ouvrir les yeux. Il fut assez surpris de trouver Shinddha Kory, plus couramment surnommé Shin, couché à ses pieds, et serrant contre lui la jambe du guerrier, comme un doudou. Dos au demi-élémentaire, Grunlek, le nain, dormait profondément, ronflant fortement, sa louve, Eden, blottie contre lui. Théo bougea légèrement sa jambe droite, pour essayer de se dégager de l'emprise de son ami, tout en cherchant son troisième compagnon du regard.

Balthazard Octavius Barnabé, Bob, n'avait pas réussi à trouver le sommeil cette nuit encore. Assis en tailleur sur un rocher, à l'écart du groupe, il patientait, silencieux. Les récents évènement l'avait perturbé. Entre les araignées, le feu, le kidnapping et son côté sombre qui menaçait de prendre le contrôle, en ce moment, il ne se sentait pas très à l'aise et commençait à craindre pour son avenir au sein du groupe d'aventuriers. Il avait tellement peur d'en tuer un par mégarde que ça en été devenu obsessionnel chez lui. Depuis que tout ça était terminé, Bob s'entraînait nuit et jour, pour essayer de contrôler ce don qui lui empoisonnait la vie, avec plus ou moins de succès.

Théo repéra enfin Bob, à quelques mètres de là. Il sentit son cœur se serrer. Ce gamin -oui, il adorait appeler les personnes plus jeunes que lui des gamins- lui faisait de la peine. Il se donnait énormément de mal pour lutter contre lui-même, mais ce n'était pas très concluant. Pas plus tard qu'hier, il avait manqué de déclencher un incendie. Il secoua la tête, avant de se reconcentrer sur son problème du moment, Shin, qui ne semblait toujours pas vouloir bouger. Le paladin prit appui sur la cuisse de son ami, et, d'un coup sec, le fit basculer sur le côté. L'effet fut immédiat. Le demi-élémentaire sauta sur ses jambes, surpris, donnant au passage un coup de pied dans le dos de Grunlek. Eden bondit sur le mollet de l'archer. De toute évidence, la demoiselle n'avait pas apprécié d'être réveillée aussi brutalement.

Shin se mit à hurler. C'est ce qui fit sortir Bob de ses pensées. Il se tourna vers ses compagnons, curieux de voir ce qui faisait crier l'archer de si bon matin. La scène le fit sourire. Shin était accroché au cou d'un Théo exaspéré, secouant frénétiquement la jambe où Eden mordait, alors que Grunlek essayait gentiment de faire lâcher prise à sa protégée. Le nain sortit un morceau de viande séchée de sa poche, faisant réagir immédiatement la louve. Elle lâcha prise et se mit à fixer intensément la nourriture, que Grunlek lui donna. Le canidé avala la nourriture tout en lançant un regard méfiant à Shin, que Théo était en train d'examiner.

Bob rejoignit le groupe, un petit sourire aux lèvres, pour montrer qu'il allait bien. C'était faux, mais il espérait que personne ne le remarque. Shin était déjà en train de se plaindre.

"Ca ne peut plus durer comme ça, geignit-il. A chaque fois que je fais un geste brusque cet saleté de chien me saute au visage ! On... On peut pas s'en débarrasser ? Bob le brûle et c'est réglé ! Non ? Aïeuuuuuuh !
- Arrête de bouger et ça fera moins mal, dit simplement Théo, ignorant le reste de ses propos."

Shin bougonna quelque chose dans ses dents avant de relever les yeux en voyant Bob arriver. Théo lui lança un regard inquiet mais ne dit rien, ne voulant pas braquer son ami. Dans le décor, Grunlek était en train de rassembler les affaires des aventuriers et les empilaient sur Lumière, le cheval de Théo. Le paladin fit un bandage autour du mollet de Shin -mine de rien, la louve l'avait bien amoché- puis se releva.

"On a bientôt plus de munitions, dit-il. On va essayer de trouver un marchand, dans la ville d'à côté. On passera la nuit là-bas. Et après on se dirigera vers le sud. Si on ne s'arrête pas, on sera arrivé à Midi. Ca va aller pour marcher Shin ?
- Ouais ouais, grogna t-il.
- Au pire, tu peux toujours monter sur Eden, lâcha Grunlek, taquin."

Shin lui tira la langue, comme simple réponse très mature. Il boitilla vers le pyromage, pour mettre un maximum d'écart entre lui et la chose. Il était désormais persuadé que cette louve n'était pas normale, il devait forcément y avoir une explication. Si ça se trouve elle avait la rage en plus ! Boudeur, il ramassa son arc et prit la tête du cortège, la tête haute.

Grunlek le suivit rapidement, Eden et Lumière sur les talons. Théo avait décidé de rester derrière, pour parler avec Bob, qui semblait toujours ailleurs. C'est pour cette raison que le paladin laissa Shin et Grunlek les distancer, afin qu'ils soient hors de portée de voix. Bob venait de commencer à avancer, les mains dans les poches, traînant de la patte. Théo en fit de même, et prit la même allure que lui, histoire qu'ils ne soient pas retardés. Le guerrier resta quelques minutes silencieux, pour voir si Bob allait, comme d'habitude mettre l'ambiance. Mais non, le mage restait obstinément fermé aux contacts extérieurs, confirmant au paladin que quelque chose n'allait pas.

"Hey, Bob, l'interpella t-il doucement. Tout va bien ?"

Le Pyromage, surpris, releva la tête. Lui qui voulait éviter de parler, c'était raté. Bob savait que quand Théo voulait savoir quelque chose, il n'hésitait pas à employer tous les moyens en sa possession. Autant céder tout de suite et tout lui dire, ça ne serait que plus efficace. Mais malheureusement pour Théo, Balthazard était quelqu'un d'assez entêté.

"Oui, répondit froidement Bob.
- Bob, si quelque chose ne va pas, il faut que tu en parles. On est un groupe, et si l'un d'entre nous va mal, ça affecte le moral de tous, tu comprends ?
- Je vais bien. J'ai... J'ai juste besoin de temps.
- T'épuiser à essayer de te contrôler ne te mènera à rien. Si tu es trop fatigué, ta part sombre reprend le contrôle. On commence à te connaître maintenant."

Bob accéléra légèrement le pas, préférant la fuite à une joute verbale inutile. Le paladin n'insista pas. Quelques mètres plus loin, Shin et Grunlek étaient à l'arrêt, les mains en l'air. Alerté, Bob et Théo sortirent les armes, prêts à attaquer en cas de problèmes. Mais en approchant, le guerrier à l'armure étincelante reconnu deux des siens, sur leurs chevaux, menaçant l'archer et le nain avec des lances.

L'un des deux paladins vit Théo approcher, et descendit de cheval. Son visage était fermé, on aurait dit qu'il n'avait pas dormi depuis plusieurs jours. Bob couvrait son ami, une de ses mains s'était enflammée, juste pour impressionner ses adversaires.

"Que voulez-vous mes chers ? demanda Théo d'une voix rauque.
- Paladin Silverberg ? demanda celui qui était descendu de cheval.
- En personne.
- Nous avons une lettre pour vous, de la plus haute importance. Merci de la lire rapidement et de suivre les ordres donnés. Nous vous attendrons là-bas."

Aussi vite qu'il était descendu, le paladin remonta sur son cheval et les deux guerriers firent demi-tour, au galop. Théo attendit qu'ils furent loin pour examiner l'enveloppe que lui avait donné le soldat. Il portait un sceau officiel. Ses compagnons, curieux, se rapprochèrent de lui. Le paladin lut rapidement la lettre, puis soupira. En voyant ses compagnons l'observer, il décida de lire le contenu à voix haute.

"Grand danger menace le Cratère. Besoin de vous immédiatement à la Capitale.
- Je le sens pas, lâcha Bob, méfiant. Ça sent la crotte à plein nez. Théo, tu ne vas pas suivre ça quand même ?
- Et s'ils disaient vrai ? intervint Grunlek. On a de l'expérience maintenant, on peut toujours aider.
- Je suis du même avis que Bob, compléta Shin. On va pas encore s'embarquer dans les galères du Royame alors qu'on vient d'en sortir."

Théo soupira, indécis. Les deux partis avaient raison. Il releva les yeux vers ses compagnons.

"Je propose qu'on y aille quand même. Au pire, si c'est vraiment "la crotte" comme dit Bob, on abandonne et on s'en va.
- D'accord, admit Shin, peu enthousiaste. Mais si on manque encore de se faire tuer à cause de toi, tu assumes, c'est clair ?
- Mais oui.
- Et... Elle est où la Capitale ? demanda Bob.
- A l'autre bout du Cratère."

Ils se concertèrent un moment du regard, puis la boule au ventre, le groupe changea de direction. De nouvelles aventures commençaient.

Chapitre 2 : Un campement dans les bois

La nuit commençait doucement à tomber sur le Cratère. Cela faisait bientôt dix heures que nos aventuriers marchaient. Si Théo, Bob et Grunlek semblaient tenir la route, ce n'était pas le cas de Shin, à environ vingt mètres derrière. Il avait les jambes en compote, et chaque pas était une torture. Il ne voulait qu'une chose, s'asseoir, et attendre. Ils finiraient bien par venir le récupérer. Et à cheval si possible. C'était le comble. L'archer, qui était censé être le plus agile, rapide et sportif du groupe, détestait marcher.

Loin devant, Théo, Bob et Grunlek était en pleine discussion, sur ce qu'il pourrait bien trouver une fois arrivés à la Capitale. Le pyromage était très excité, de toute sa vie, jamais il n'avait été à la Capitale, trop loin, trop chère, trop bourgeoise. Il donnait l'impression d'être un enfant en expédition scolaire. Grunlek venait de là-bas, il connaissait déjà les lieux. Théo, il n'y avait été que pour sa formation, mais cela faisait tellement longtemps qu'il n'y était pas retourné qu'il avait également hâte.

"Et toi Shin ? demanda Grunlek. Qu'est-ce que tu... Shin ?"

Les trois aventuriers se stoppèrent net, puis se tournèrent vers la route qu'ils avaient emprunté un peu plus tôt. Au loin, une toute petite tâche bleue semblait avancer péniblement dans leur direction. Théo leva les yeux au ciel.

"Lumière, va le chercher."

Le cheval colla sa tête contre celle de son maître puis fit demi-tour, au trot. Théo regarda autour de lui.

"On va camper ici. On est un peu à l'écart de la route, c'est parfait. Bob, Grunlek, occupez vous du feu. On va installer les lits avec Shin... Quand il sera là. Prenez Eden, au cas où."

Grunlek fit signe à la louve de venir, elle arriva vers eux, la queue battant furieusement l'air. Le pyromage et le nain s'enfoncèrent des les fourrés. Théo resta un moment à regarder le vide, puis commença à rassembler des cailloux, qu'il posa en cercles. Shin finit par arriver, étalé sur le dos du cheval, qui patienta sagement le temps que l'archer descende de son dos. Shin offrit un regard désolé à Théo, avant de commencer à décrocher les sacs du dos du cheval. Les deux aventuriers installèrent les sacs de couchage en silence.

De leur côté, Bob et Grunlek ramassaient des bouts de bois, au beau milieu de la forêt. Au loin, ils pouvaient voir l'armure de Théo briller, leur seul repère dans l'obscurité nouvelle. Le pyromage était un peu nerveux, depuis qu'il était tout petit, la nuit l'angoissait. Et cet état ne s'était pas amélioré avec leurs récentes aventures. Après les araignées, la maison en feu, la presque-dissection, il en avait assez. Il restait près de Grunlek, qui lui, grâce à sa nyctalopie n'avait pas ce problème. Le nain avait même attrapé un rat au vol, sous le regard dégoûté de Bob.

"Ce sera pour le dîner, avait-il dit, tout sourire.
- Eurk. Cette saloprie doit être plein de maladies. Je le sens pas.
- Fais-moi conscience Bob. Le ragoût de rat, c'est comme du poulet, en mieux."

Bob tira une grimace, tout en ramassant un autre bâton. Le nain avait toujours des idées bizarres. Entre l'araignée grillée et ça, Bob se fit la promesse de ne plus faire confiance qu'à lui-même en matière de nourriture. Théo devait encore avoir des gâteaux sur lui, avec des mots doux et en flattant son ego surdimmensionné, Bob savait que le paladin ne lui résisterait pas.

Une fois un stock de bois suffisant, Bob et Grunlek retournèrent près du camp, où Théo et Shin s'étaient installés. Les deux amis posèrent le bois, puis une des mains de Bob s'illumina. Une flamme fut propulsée entre les bouts de bois, et le tout commença à se consummer. Bob se tourna vers Théo.

"Enlève ton armure, que je regarde un peu ta blessure. Normalement, la nouvelle pommade devrait définitivement supprimer le venin, espérons que ça a été efficace."

Dans un soufflement agacé, le paladin retira sa grosse armure et souleva son T-Shirt. Bob se plaça derrière lui et sourit. Le noir avait disparu entièrement. C'était terminé de ce côté là.

"Il n'y a plus rien, ça a bien marché. Tu es guéri on dirait."

Bob se releva, donna une tape amicale sur le dos de son ami, et se dirigea vers le feu, pour se réchauffer. Grunlek était en train de faire rôtir son rat en sifflotant, faisant frissonner le pyromage de dégoût. Shin, quand à lui, était déjà en train de dormir, totalement épuisé par le voyage. Théo, après avoir enfilé sa précieuse armure, posa délicatement une couverture sur le dos de son ami endormi.

"Qui prends le premier tour ?
- Je m'en occupe, répondit Bob, qui savait d'avance qu'il n'arriverait pas à trouver le sommeil ce soir."

Théo se coucha, laissant Bob surveiller les environs. Grunlek termina son rat, puis partit à son tour se coucher, gratifiant le Pyromage d'un "Nuit". En moins de dix minutes, on pouvait l'entendre ronfler. Bob commença tout d'abord à tourner autour du camp, puis il repéra un rocher, un peu plus loin. Il s'installa dessus. Eden le rejoignit. La louve souleva sa main, demandant des caresses.

Doucement, Bob passa sa main dans ses poils soyeux. La louve sauta sur roche, et vint se coucher sur sur ses jambes. Le pyromage resta une longue heure ainsi, Eden sur les genoux. Elle lui tenait chaud. Elle apaisait le démon en lui, qui avait décidé de le torturer une nouvelle fois ce soir. Il l'ignorait, se concentrant sur l'animal.

Puis il y eut ce "crac". Eden l'entendit également. Elle releva immédiatement la tête, grondant vers le sud. Bob posa instinctivement une main sur un des ses couteaux, dans une poche arrière. Un autre pas. Puis un autre. Quelqu'un courrait. Bob se leva, Eden sur les talons. Une jeune femme déboula des fourrés. Elle tomba, se releva, puis lança un regard terrifié sur Bob.

"Qu'est-ce... Qui êtes vous ? Pourquoi vous courrez ?!
- Il arrive !"

Derrière la jeune demoiselle, une forme sombre et massive apparaissait. Bob recula doucement, à son tour effrayé. Devant eux, un loup noir se tenait. Bien plus gros qu'Eden. Il avait une flèche plantée dans l'épaule, et la mâchoire ensanglantée. Mais ce qui marqua Bob, se fut le bras, visiblement humain, qu'il tenait dans la bouche. Il gronda furieusement, avant de bondir dans leur direction.

Chapitre 3 : Attaque Nocturne

Le loup bondit dans leur direction, dans un grognement de rage. Presque immédiatement, Eden bondit à son tour, touchant le loup au côté droit et le destabilisant. Les deux animaux se mirent à rouler dans la poussière, dans un mélange de cris, de grognements. Des touffes de poils volaient par moment. Bob ne savait pas quoi faire. Il aurait bien tenté de crâmer cette saloprie, mais Eden était en plein milieu du combat, elle risquait d'être elle aussi touchée. La jeune femme, une elfe des forêts, maintenant que Bob l'avait à la lumière, s'était réfugiée derrière Bob, effrayée.

Alertés par le bruit, Théo, Shin et Grunlek se réveillèrent à leur tour. Grunlek reconnut rapidement les cris de douleurs de sa protégé et, ni une ni deux, se dirigea en hurlant vers le combat. Le paladin dégaina son épée, Shin prépara lui une flèche, et le groupe se dirigea vers le combat.

Eden souffrait. L'autre animal était bien plus gros qu'elle, et venait de l'attraper à la patte. Il l'entailla très profondément, et un crac sinistre fit frémir Grunlek. Les quatre aventuriers ne pouvaient rien faire pour l'aider sans risquer de la blesser, ou pire. Eden poussa un cri effroyable lorsque qu'un second os se brisa. Le nain, malgré le cri de ses amis, et de l'elfe, se lança dans la bataille, il ne pouvait simplement pas se résoudre à laisser sa louve se faire tuer. Il donna un violent coup de bras mécanique dans les côtes du loup noir, qui poussa un gémissement, déséquilibré, avant de se tourner vers Grunlek. Le nain recula, il avait l'attention du loup désormais.

Shin fut le premier à réagir, il tira. La flèche se planta à quelques centimètres de la première, d'origine inconnue, déjà plantée dans l'épaule de l'animal. Le loup poussa un cri de douleur. Bob voulut alors tenter quelque chose.* Il leva les mains au dessus de sa tête, prépara une énorme boule de feu. Celle-ci grossit, énormément. Mais, alors qu'il s'apprétait à la lancer, sa part démonique reprit le dessus. Il se tourna vers Théo, un sourire malsain aux lèvres.

"Bob ? Bob qu'est-ce que tu fous ?"

Bob changea subitement de cible. Il se tourna vers Grunlek, et fit feu. Shin et Théo hurlèrent à l'unisson. Grunlek vit la boule arriver à une vitesse folle. Il essaya de l'esquiver, mais se la prit en pleine face, sombrant immédiatement dans l'inconscience. Bob recommença presque qu'immédiatement une boule de feu. Paniqué, Théo attrapa un bâton assez lourd, et, de toute la force dont il était capable, l'écrasa sur le crâne du pyromage qui tomba lui aussi dans les vapes.

"Shin, éteins Grunlek, il brûle ! Je m'occupe de cet enfoiré !"

Théo se mit à hurler comme un sauvage en direction du loup, qui se tourna vers lui. Il gronda, puis fonça droit sur le paladin. Il ne boitait même pas, comme si tout ce qu'ils avaient fait jusque là ne l'atteignait pas. Mais ça, c'était avant que l'animal fasse face à l'Inquisiteur, plus en colère que jamais. Le loup commença à faire de long cercle autour de lui, cherchant probablement un point faible dans cet armure extrêmement robuste. Et malheureusement, il y en avait un. Théo ne se retourna pas assez vite, le loup bondit et mordit violemment sa fesse droite, arrachant un cri de douleur au paladin.

De son côté, Shin n'était pas mieux. Il arrosait comme il pouvait Grunlek, mais le feu se propageait rapidement. Il invoqua un sort douloureux, qu'il réussit non sans un cri de douleur, et gela l'intégralité des vêtements de Grunlek. L'effet fut immédiat. Cependant, le nain était brûlé grièvement, et en plus de nombreuses infections dont il pouvait mourir les prochaines heures, il se retrouvai maintenant en état d'hypothermie.

Théo se retourna d'un coup, envolant le loup d'un coup de pied bien placé. L'animal rebondit lourdement sur le sol. Profitant de cet instant de faiblesse, Théo se jeta sur lui. Le loup bondit d'un coup et le mordit à la main, créant une longue entaille. Mais c'était trop tard pour lui, l'épée du paladin s'abattit sur son cou, lui coupant net la tête. Le paladin ne put retenir un soupir de soulagement, et se laissa tomber à côté de la carcasse, dans un bong sonore, dû au poids de son armure.

Théo chercha ensuite l'elfe du regard, et surpris, il la vit accroupie près de Bob, murmurant quelque chose, qui semblait avoir de l'effet sur le pyromage. En effet, ce dernier ouvrit lentement les yeux, puis se releva, avec une migraine horrible. En touchant l'arrière de sa tête, il put sentir une grosse bosse, d'où s'échappait un peu de sang. Il observa un peu autour de lui, puis son regard croisa celui de l'elfe, au dessus de lui. Il lança un regard vers Théo, qui se releva, et se dirigea d'un pas lourd vers lui.

D'une seule main, il souleva le pyromage du sol. Bob poussa un petit cri de surprise, effrayé. Ce n'était pas dans les habitudes de Théo d'être brusque avec lui.

"REGARDE CE QUE TU AS FAIT ! C'est toujours de ta faute Bob. TOUJOURS !"

Bob prit les mots en pleine face, il se tourna vers la direction pointée par son ami et découvrit alors la raison de la colère du paladin. Grunlek était allongé au sol, Shin au dessus de lui, essayant de le recouvrir du mieux qu'il pouvait, pour le réchauffer.

"Je... Je suis désolé Théo. J'ai pas réalisé. Je ne sais même pas ce qu'il s'est passé.
- TU L'AS PRESQUE TUE ! VOILA CE QU'IL S'EST PASSE !"

D'un geste rageur, Théo jeta Bob au sol. Le Pyromage retomba mal, se tordant le poignet dans une tentative maladroite de se rattraper. Le paladin tourna les talons, pour se diriger vers Eden. La louve était couchée sur le flanc, haletant. Une fracture ouverte à sa patte avant droite était clairement visible. Le plus doucement possible, Théo remit l'os en place, arrachant des gémissements de douleurs à l'animal, puis, doucement, il lui fit un sort de soin.

Eden tomba dans l'inconscience, mais une inconscience réparatrice. Le plus gros était soigné. Doucement, Théo souleva la louve du sol et la plaça à côté de son sauveur, dans un sale état. Le paladin ausculta les brûlures, trop fortes pour être soignées entièrement, et commença à réparer ce qu'il pouvait.

Shin se releva, et se dirigea vers Bob et l'elfe. Dès qu'il le vit, Bob se décomposa. Il se leva d'un coup, et, malgré la douleur, piqua un sprint vers les bois, les larmes coulant le long de son visage, abandonnant ses amis et celle qu'il avait sauvé.

Chapitre 4 : Nouvelles rencontres

Grunlek reprit conscience deux heures plus tard, près d'un feu de camp, Eden blottie contre lui. La louve s'était réveillée un peu plus tôt, mais elle n'avait pas quitté son Maître d'une semelle. De toute manière, sa patte avant droite brisée la faisait souffrir, et le moindre mouvement était douloureux. Elle couina doucement en poussant la main non-mécanique du nain du museau. Notre ingénieur n'était pas en bon état non plus. Son bras et une partie de son visage étaient couvert de cloques épaisses, mais qui semblaient déjà avoir cicatrisé. Nul besoin d'être un génie pour comprendre que c'était l'oeuvre de Théo. Il se sentait déjà pas trop mal, malgré la douleur qu'il ressentit en s'asseyant. Il se mit à chercher ses amis du regard.

Shin dormait, de l'autre côté du feu, roulé en boule. On pouvait l'entendre murmurer des choses comme "Pomme", "Faim", "Cronch", ce qui supposait qu'il était en plein rêve. L'elfe était tout près de lui, caressant la louve doucement. Eden semblait bien l'aimer, en déduisit Grunlek, puisqu'elle leva la patte arrière pour se faire caresser le ventre. Théo était assis sur un rocher, à la lisière de la forêt, visiblement soucieux.

En effet, Théo attendait Bob, désespérement. Il se sentait stupide. S'emporter comme ça avait été stupide. Le pyromage n'arrivait pas à se contrôler, ce n'était pas de sa faute, et lui, comme un idiot, il lui avait hurlé dessus, provoquant sa fuite. Secrètement, il espérait que la faim le ramène au camp, c'est pour cette raison qu'il attendait là, depuis presque deux heures maintenant, la boule au ventre. Il fallait se rendre à l'éviden- ce, cette fois-ci, Bob ne reviendrait pas. Dépité, il se leva et rejoignit les autres, il avait vu Grunlek se relever du coin de l'oeil.

"Ca va Grun' ? demanda t-il doucement, pour ne pas réveiller le demi-élémentaire.
- Légèrement roussi, répondit-il. Mais je m'en remettrai. Où est Bob ?
- Parti. Et c'est tant mieux."

Grunlek plissa les yeux. Il était évident que Théo mentait, rien que son regard le trahissait.

"Je crois que vous vous trompez, intervint soudainement l'elfe. Il n'est pas mauvais, il est incompris. Il fait de son mieux pour vous aider, mais vous ne le voyez pas. Tout ce qu'il cherche, c'est de la reconaissance."

Un grand silence tomba sur le camp. Théo croisa les bras sur son torse musclé, le regard froid. Grunlek savait qu'elle venait de blesser l'orgueil du paladin avec cette simple phrase, que lui-même approuvait silencieusement. L'elfe continuait de caresser la louve, désormais étalée contre elle.

"Qu'est-ce que vous en savez ? demanda froidement Théo, sur un ton laissant paraître sa vexation. Et vous êtes qui d'abord ?
- Je me nomme Aranwen, répondit-elle simplement, ignorant sa première question. Je... Je suis la fille d'Ulwaen, le roi des Elfes. Enfin... Sa fille illégitime.
- Qu'est-ce que vous faisiez dans la forêt ? l'interrogea Grunlek, curieux."

Elle baissa les yeux, visiblement perturbée par la question. Elle soupira doucement, avant de sortir un morceau de cuir de sa poche.

"Mon groupe et moi nous dirigions vers la Capitale. Un de mes amis était paladin, et il a été appelé pour régler un problème important. Nous nous sommes posés hier soir, pour nous reposer, quand on s'est fait attaquer. Trois loups, comme celui-là. On en a abattu deux, le troisième a tué mes deux autres compagnons, j'ai été forcée de fuir. Seule je n'avais pas la moindre chance. Puis j'ai vu de la lumière par ici, et la suite vous la connaissez."

Elle se reconcentra sur la louve. Elle s'abaisssa doucement à son nouveau, Eden lui lécha le visage en couinant. Aranwen l'embrassa entre les deux oreilles.

"Théo, amorça Grunlek. Puisqu'on va au même endroit, elle pourrait venir avec nous.
- Une fille ?! Tu imagines tous les problèmes que ça va...
- Théo...
- Très bien... On repart demain matin. En espérant que Bob revienne d'ici là..."

Gunlek sourit inocemment. Théo s'inquiétait pour Bob, c'était plutôt une bonne nouvelle. Et de toute manière, dans l'esprit des trois aventuriers restants, il était évident qu'ils ne partiraient pas sans le pyromage, aussi casse-bonbon et dangereux soit-il. Il était avant tout leur ami.


Bob s'écroula sur le sol, totalement épuisé. Combien de temps avait-il courru au juste ? Et où est-ce qu'il était là ? Il leva la tête, autour de lui, des arbres, partout. Il avait peur, il avait mal à la tête. Son démon ne cessait de l'insulter, encore et encore. Ca devait bien faire deux heures qu'il avait quitté le camp, et il continuait de pleurer, de manière totalement incontrôlable.

"Sors de ma tête. Je t'en supplie."

Bob se replia sur le sol en se tenant la tête, en gémissant. Il se mit à hurler, à s'en couper le souffle. Des personnes passant dans le bois à ce moment précis l'auraient sans doute pris pour un fou. Il se mit à pleurer, sans vraiment savoir pourquoi. Il avait mal, autant au niveau physique et moral, et c'était insupportable. Son poignet semblait aller mieux, ça ne devait être qu'un mauvais coup, en revanche, c'était sa cheville qui le faisait souffrir maintenant. Il avait shooté dans une racine, et ça faisait horriblement mal. Au point qu'il n'arrive même plus à se relever. Il décida de rester couché là, à même le sol, fermant les yeux, inspirant, expirant.

Quand quelque chose tomba sur son visage. Il crut d'abord à de la pluie, mais c'était bien trop épais. Il rouvrit les yeux, et, horrifié, découvrit un cadavre, dans l'arbre, pendu et éventré, il n'en restait que le tronc. Comment avait-il fait pour ne pas le voir ? Bob se releva doucement, et se mit à tourner autour du corps. Il y avait quelque chose de familier qui s'en dégageait. Une aura sombre. Beaucoup trop sombre. Un demi-diable.

Bob eut un mouvement de recul, en repérant un bout d'épée dans son ventre, qu'il reconnu facilement. Une épée de l'Inquisition. Le cauchemar recommençait. Bob se tourna vers un fourré. Deux hommes en armure en sortirent, accompagné d'un loup noir énorme, comme celui que son groupe avait combattu un peu plus tôt.

"T'as vu ça mec ? Deux pourritures en même pas une demi-heure. L'Inquisition va tellement être fière de nous."

Bob recula, effrayé. Le loup prit les devants, en grognant, visiblement affamé. Cette scène lui semblait très familière. Son exil de l'Académie, le jour où il avait rencontré Théo. Il boitilla vers les fourrés, puis se mit à courir. Le loup lui bondit sur le dos, le plaquant au sol. Le pyromage essaya en vain de se défendre, s'était trop tard. Quelque chose se planta dans son cou et il tomba immédiatement dans l'inconscience.

Chapitre 5 : Remords

Les premières lueurs de l'aube pointaient à l'horizon, enveloppant les aventuriers d'une douce lumière. Grunlek s'étira doucement, les jambes en compote. Il semblait aller déjà mieux que la veille. Eden toujours collée à lui, ouvrit un oeil, avant de baîller, puis de lui lécher la main affectueusement. Shin s'agitait sous ses draps, voulant de toute évidence prolonger un peu plus son sommeil. Il avait fait un rêve magnifique, dont le sujet principal était les pommes, et il n'avait pas envie de se lever. Le nain jeta un coup d'oeil aux alentours. Aranwen, l'elfe, était assise sur un rocher, près du feu, chantonnant une chanson en langage elfique.

Un peu à l'écart, Théo de Silverberg était assis sur un rocher, la boule au ventre, le coeur lourd et les pensées tournées vers une seule personne : Balthazar Octavius Barnabé. Le mage n'était toujours pas revenu, ce qui inquiétait réellement Théo. Il savait que Bob lui pardonnait toujours tout, même les pires horreurs, alors pourquoi n'était-il pas revenu ? Il n'avait pas dormi de la nuit, terrorisé par l'idée que son ami soit définitivement parti. Il n'était pas armé, ses deux armes étaient restées au camp, et avec ses pertes de contrôle, il était définitivement sans défense. Et rien que d'imaginer que quelque chose ait pu lui arriver rendait Théo malade.

Dans un grognement, Grunlek se redressa, s'attirant un regard d'Aranwen, qui se dirigea d'un pas lent vers le nain. Ce dernier remarqua alors que ses bandages avaient été changés dans son sommeil, et ils étaient récents. L'elfe semblait soucieuse.

"Vos blessures sont plus graves que ce qu'elles paraissent, mais j'ai réussi à éviter une infection avec des potions de chez moi. Il faudra juste surveiller et changer les bandages tous les jours.
- Merci Aranwen."

Shin ouvrit finalement les yeux. Son regard se posa sur Grunlek, il semblait presque soulagé. Il se mit ensuite à chercher quelque chose du regard, presque déçu.

"Bob.... Bob n'est pas revenu ? Il ne nous a pas abandonné comme ça quand même ? Si ?
- Je ne sais pas Shin, répondit calmement le Nain. J'espère qu'il va revenir. Théo semble au plus mal."

Théo n'avait, en effet, même pas fait attention aux personnes du groupe. Il restait obstinément tourné vers la forêt, le regard vide, immobile. Grunlek se leva, avec l'aide de Shin, puis se dirigea en boitillant vers le leader du groupe, sous les regards encourageants de Shin et Aranwen.

"Théo ?"

Le paladin sursauta, avant de se tourner vers le nain. Il sourit fébrilement, content de le voir sur pieds, puis son regard se tourna de nouveau vers les bois. Il s'étira, avant de se lever, et de se diriger vers la forêt.

"Je vais le pister. Si je ne suis pas revenu dans deux jours, venez me chercher.
- Attends. Prends Eden avec toi, elle a l'odorat plus développé, elle le trouvera."

Théo hocha la tête, puis siffla Lumière, qui le rejoignit en quelques pas, secouant sa crinière. Grunlek fit signe à Eden de suivre le paladin. Le guerrier et la louve s'enfoncèrent dans les bois, sous le regard inquiet de Grunlek qui se demandait sérieusement si c'était une bonne idée.

Le nain retourna auprès de la jeune elfe et de Shin. Il s'installa près d'eux et leur expliqua la situation. Aranwen hocha la tête.

"Votre ami est brave, je suis sûre qu'il le retrouvera.
- Je l'espère également."


Bob ouvrit difficilement les yeux. Il avait mal partout, et quelque chose semblait le tenir au cou. En étudiant son environnement, il devina sans mal qu'il était dans une roulotte. Face à lui, deux cages énormes, contenant dans chacune d'elles un loup noir. Leurs yeux dévisageaient le demi-démon du regard, agressifs. Il essaya de bouger, mais une douleur cinglante dans les chevilles l'en dissuada immédiatement. Il serra les dents, il avait déjà deviné ce que c'était. Reclaqués autour des ses chevilles, deux pièges à loups, profondément enfoncés dans sa chair.

Il se mordit la langue pour ne pas crier. Il était entouré de boites en tout genre. Oui, c'était ça. Il avait l'impression d'être un meuble, et ça ne lui plaisait pas du tout. Qui étaient-ils, ces paladins, pour le traiter de la sorte ? Surtout, que, pour une fois, il n'avait rien fait de mal. En tout cas, il ne leur avait pas fait de mal à eux, c'était certain. Autre chose, il était nu, à l'exception de son caleçon, et une énorme croix noire avait été tracée sur sa poitrine. Qu'est-ce qu'il se passait ici à la fin ? La croix noire, il connaissait, c'était le signe des hérétiques de la Lumière, jusque là, rien de bien nouveau, en revanche, notre pyromage n'était pas spécialement fan des nouvelles méthodes pour capturer les hérétiques.

Il poussa un petit gémissement plaintif avant d'essayer d'ouvrir les pièges. Impossible, c'était peine perdue. Les crocs en métal était trop profondément enfoncés pour être délogés, il se fit plus mal qu'autre chose. Un des loups grogna dans sa direction, mençant. Puis la roulotte se stoppa. Il entendit des pas, derrière la toile blanche qui recouvrait la charrette, ne le rassurant pas spécialement. Théo et les autres devaient être morts d'inquiétude. Le demi-diable savait que ses amis l'attendaient, pour le coup, son départ était réussi.

Un homme rentra, un des paladins qui l'avait kidnappé. Bob se tendit, le regard mauvais. Il s'approcha de lui, un sourire mauvais au visage, et il lui fit lever la machoire.

“Qu'est-ce que vous voulez de moi ? murmura le mage sur un ton glacial qui ne lui ressemblait pas vraiment.
- Tu le découvriras bien assez tôt. T'as de la chance qu'on avait plus de corde, t'aurait terminé comme la gaillard dans la forêt sinon. Enfin... De la chance ? Hum... Je ne sais pas. On verra ce que le boss en pense."

Il le relâcha, avant d'observer ses pièges, et, avec un sourire malsain, il posa son pied dessus et appuya, faisant hurler Balthazar de douleur. Le mage se recroquevilla sur lui même, alors que l'homme quittait l'endroit, le laissant seul. De toute évidence, ils se stoppaient ici pour la nuit. Il avait une nuit entière pour s'échapper de cet endroit. Sans tarder, il posa ses deux mains sur le piège, et, malgré la douleur, entreprit d'essayer d'écarter les machoîres métalliques de sa cheville droite.


Théo n'avait pas eu de mal à retrouver la trace de Bob. Les chaussures du mage avaient une empreinte caractéristique, et même sans Eden, il l'aurait trouvé par lui-même. Lumière avançait paisiblement entre les arbres, la louve elle était devant, la truffe collée au sol, suivant la piste du mage. Ils arrivèrent rapidement dans un coin dégagé. Théo descendit de cheval, pour fouiller l'endroit. Il y avait du sang. Beaucoup de sang. Eden leva la tête, et se mit à gémir, en direction d'un arbre. Notre paladin leva la tête à son tour, son sang ne fit qu'un tour en découvrant un cadavre pendu, éventré. Il coupa la corde, attachée à un arbre, la boule au ventre. Le corps chuta lourdement au sol, éclaboussant la robe blanche d'Eden de sang. Théo le retourna doucement, et ne put retenir un soupir de soulagement en voyant qu'il ne s'agissait pas de Bob. Cependant, l'immense croix noir sur la poitrine de cette homme lui sembla bien familière.

Eden disparut dans un fourré, et en ressortit quelques minutes plus tard, traînant quelque chose derrière elle, qu'elle ramena aux pieds de Théo, en couinant. Le paladin souleva sa découverte, et son coeur se serra. Ce tissu, il l'aurait reconnu entre mille autres. C'était la robe de Bob. Il fit rapidement le lien. La croix noire était le signe des hérétiques, chez les paladins de la Lumière. Elle était là pour purifier leur âme lors de la mise à mort, et il était évident maintenant que leur prochaine cible était Balthazar. L'Eglise de la Lumière était sur ses pas. Ou pire, ils l'avaient déjà eu. Le guerrier courut vers son cheval, après avoir repéré des traces de roulotte, et le lança au galop. Il n'avait plus qu'une idée en tête : Sauver Bob.

Chapitre 6 : Un moment de besoin

Depuis quelques minutes maintenant, Shinddha Kory observait Aranwen faire sa toilette, près de la rivière, un sourire stupide collé au visage. Ce sourire, Grunlek von Krayn le connaissait bien. C'était le même que la fois où leur groupe s'était retrouvé dans la campagne, accompagné d'une jeune paysanne. Sauf que ce jour-là, Bob lui avait piqué la place. Puis tout était parti en cacahuètes. Comme d'habitude. Si Shin ne semblait pas s'en soucier, Grunlek commençait lui à trouver le temps long. Cinq longues heures s'étaient écoulées depuis le départ de Théo, et notre nain ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter. Laisser partir Théo seul était une mauvaise idée, même si Eden l'accompagnait.

Contrairement au nain, Shin vivait plutôt bien l'absence de Théo et Bob. Les deux casanova du groupe étant loin, il avait champ libre sur Aranwen. Non pas que Grunlek n'avait pas sa chance, mais Shin était intimement persuadé que le nain avait d'autres chats à fouetter, et que donc, il ne lui poserait pas de bâtons dans les roues. Il prit les devants, et se dirigea vers la demoiselle, ses joues prenant une teinte un peu plus rouge à chaque nouveau pas qu'il faisait. Arrivé derrière elle, le demi-élémentaire avait perdu tous ses moyens.

Aranwen se retourna à ce moment-là. Elle n'était pas stupide, elle avait bien vu que le jeune homme voulait l'aborder. Et la situation l'amusait. Grunlek, non loin derrière haussa un sourcil, attendant la suite. Shin allait-il vraiment l'aborder ? Timide comme il était ? Le pauvre n'avait aucune chance, c'était certain. Le vieux nain avait presque de la peine pour lui. Malgré ses airs de pirate, notre Grunlek, du temps où il était encore de sang « royal » était un véritable tombeur. Certes, toutes étaient des naines et des hobbits, mais la taille ne comptait pas, quand on est amoureux.

« Un problème Shinddha ? Demanda Aranwen sur un ton malicieux.
- Euh... Je... Je... Je vous trouve ravissante aujourd'hui. »

Grunlek aurait adoré le gifler. Il était vraiment le pire des quatre. … Non, il y avait Théo et ses vannes douteuses sur la taille de son épée. Mais venant du paladin, ça semblait plutôt... Naturel. En effet, le caractère bourrin du guerrier allait de paire avec son langage.

« Merci Shin'. »

Aranwen se dirigea rapidement vers lui, l'embrassa sur la joue puis partit s'asseoir près de Grunlek, laissant un Shin totalement bouche bée, le rouge aux joues et incapable du moindre mouvement. C'était adorable du point de vue du nain. Pour une fois que Shin réussissait à s'attirer les charmes d'une demoiselle... Cependant, avec Théo et Bob qui reviendraient bientôt, tout du moins il l'espérait, la tâche n'allait pas être simple.


Balthazar Octavius Barnabé était au bord de l'épuisement. Malgré de nombreuses tentatives, les pièges en métal étaient toujours en place. Mais il continuait, poussé par l'énergie du désespoir. De là où il était, il pouvait entendre ses agresseurs ronfler. Ces abrutis n'avaient même pas prévu de tours de garde. Ou peut-être savait-il qu'il n'avait aucune chance ? En effet, il se faisait plus mal qu'autre chose. Il avait un peu plutôt réussi à légèrement ouvrir l'un des pièges, qui avait immédiatement reclaqué sur sa cheville, peut être encore plus douloureusement que lorsqu'elle ne bougeait pas.

Il avait les larmes aux yeux, n'arrivant pas à se contrôler. Pourquoi s'acharnait-on sur lui ? Les premières lueurs de l'aube apportèrent avec elle la fatigue et l'épuisement du demi-diable. Puis, alors que plus rien ne semblait pouvoir le sortir d'affaire, une voix familière le sortit de sa transe. En fin de compte, il n'était peut être pas aussi mort que ça.


Théo de Silverberg avait passé la nuit à suivre la piste de la roulotte. Il était fatigué, mais toujours concentré sur son objectif. Le temps de son ami était compté, il en avait conscience et refusait de s'arrêter pour se reposer. Il n'avait fait qu'une pause, pour faire monter Eden sur Lumière. La louve, exténuée s'était endormie contre lui, peu gênée par les mouvements de l'équidé. Et en plus elle tenait chaud aux jambes du paladin, qui, malgré son armure de plate, frissonnait doucement.

Alors que l'aube se levait, il repéra des traces de freinage, puis un peu plus loin, une lumière, un feu de camp sans doute. Il descendit prudemment de cheval, silencieux. Eden ouvrit un œil, puis bondit du cheval, pour rejoindre Théo. Le guerrier dégaina son épée, puis s'approcha du campement. Une grosse roulotte ne tarda pas à apparaître, de même que deux personnes, visiblement endormies autour d'un feu, au dessus duquel des dindons cuisaient doucement. En les examinant, Théo remarqua que l'un d'eux avait la main posée sur une épée, qu'il reconnut sans mal comme étant une de l'Inquisition.

Ce dernier fut d'ailleurs le premier qui ouvrit les yeux, probablement alerté par le grondement sourd d'Eden à son attention. Il bondit sur ses jambes, dégainant son épée, réveillant son camarade. L'inconnu le dévisagea, avant de froncer les sourcils, visiblement surpris.

« Vous êtes un Inquisiteur ? Demanda t-il.
- Théo de Silverberg, paladin de la lumière et inquisiteur, répondit-il d'une voix rauque. Vous avez un truc qui m'appartient. »

Les deux hommes se lancèrent un regard surpris. L'un d'eux sembla même hésiter à se mettre au garde-à-vous. Celui qui avait pris la parole fronça les sourcils, méfiant. De toute évidence, il savait de quoi Théo voulait parler.

« Vous parlez de cette pourriture de demi-diable ? C'est un hérétique, je n'ai pas de comptes à vous rendre.
- Je suis votre supérieur légal et je vous demande de le relâcher.
- Ou quoi ? Le nargua le deuxième paladin. Vous voulez aider un demi-diable, jusqu'à preuve du contraire, c'est passible de mort, qu'est-ce que t'en dis Nicolas ? »

Le dénommé « Nicolas » sourit sadiquement, puis se mit en garde. Eden gronda de plus belle, mais elle recula, ayant repéré quelque chose d'autre, laissant libre accès au paladin. La louve avait en effet repéré du mouvement dans la roulotte. Ni une ni deux, elle sauta à l'intérieur.

« Eden ? »

La voix de Bob s'était fait enthousiaste, alors que la louve venait à sa rencontre, passant fièrement entre les cages des deux loups noir qui poussèrent un long grognement. L'un d'eux essaya même de l'attraper à la patte, à son passage. Eden colla les oreilles en arrière puis se dirigea en couinant vers le demi-démon, se collant à lui. Il se mit à lui caresser doucement le crâne.

Dehors, Théo fit la première charge. Il plongea sur le deuxième sbire, celui qui n'avait pas de non. C'était un débutant, son épée traversa sa poitrine, en un seul coup, et il commença à doucement se vider de son sang sur le sol. L'autre, Nicolas, c'était une autre histoire. Il était jeune, agile, et avait une étonnante facilité à parer les coups. Il réussit d'ailleurs à le toucher à la hanche, mais Théo ne s'en soucia pas, aveuglé par le besoin de tuer ce connard. (Ndla : Lancer de dès pour Théo : 3) Théo prit un peu d'élan. Il s'appuya sur un rocher, sauta et, une fois dans les airs, fracassa sa lame sur le crâne de son attaquant. L'épée s'enfonça profondément, alors que le guerrier tombait raide mort, dans un long hurlement.

Théo, épuisé, reprit sa respiration. Par pitié, il acheva celui qui était en train de se vider de son sang, puis il se mit à chercher Eden du regard. Il l'appela doucement, pour éviter d'attirer d'autres ennemis. La louve passa la tête par la charrette, le fixant intensément, puis retourna à l'intérieur. Théo sentit une boule se former dans son ventre alors qu'il rentrait à l'intérieur.

Eden était collée à Bob, gémissant doucement. Théo ne put retenir un crissement face aux deux loups en face de lui, les mêmes qui les avaient attaqué un peu plus tôt. Il les ignora pour s'avancer vers son ami, la tête basse. Son cœur se serra en voyant les pièges refermés sur ses chevilles. Bob ne disait rien, il n'osait même pas croiser son regard. Rien qu'à sa tête, Théo savait qu'il se retenait de pleurer.

« Bob... Je me suis comporté comme un pauvre con. Je... Je suis désolé. Tu... Euh. Tu veux bien revenir ? »

Bob releva les yeux vers lui, visiblement soulagé, puis il hocha doucement la tête.

« C'est moi qui me suis comporté comme un pauvre con. Bien sûr que je te pardonne. Si j'avais pas été retenu, je serais déjà revenu, tu me connais.
- C'est pour ça que je suis là. »

Le pyromage lui offrit un petit sourire. Théo avait fait tout ce chemin juste pour lui. Le paladin s'abaissa au niveau des pièges, puis tira légèrement dessus, arrachant un cri de douleur à Bob. Il lança un regard à son épée, la casa entre les deux pièges, puis cassa les pièges, l'un après l'autre. Les chevilles de son ami étaient dans un sale état, mais grâce à un sort de soin, il ne resta bientôt plus que de sang séché et une plaie cicatrisée.

« Allez, on a encore du chemin à faire. Les autres nous attendent. »

Bob s'apprêtait à se lever, mais Théo le souleva, et le transporta jusqu'à Lumière. Le paladin grimpa dessus, puis souleva la louve, qu'il cala dans son dos, contre Bob, puis il fit demi-tour, laissant derrière lui deux morts et deux loups condamnés à mourir de faim.

Chapitre 7 : Calme temporaire

Shinddha, Grunlek et Aranwen entendirent au loin le hennissement de Lumière, bien avant de voir apparaître la monture du paladin entre les fourrés. Ils ne purent retenir un soupir de soulagement en voyant le guerrier et le mage sur le cheval. Balthazar s'était endormi contre le dos du paladin, Eden blottie contre lui. Théo semblait fatigué, et du sang recouvrait son flanc droit, en particulier sur son armure. Il stoppa le cheval à la lisière de la forêt, Grunlek vint à sa rencontre. Eden ouvrit un œil en entendant le nain l'appeler. Sa longue queue touffue se mit à s'agiter et elle sauta avec classe du cheval pour atterrir immédiatement dans les bras de son maître, où elle s'agita de joie.

Balthazar ouvrit un œil fatigué. Sa tête était collée contre l'armure de plaque de son ami, il rougit doucement en se reculant. Il se laissa glisser le long de Lumière et fit quelques pas, sous le regard inquiet de Théo. Il ne fit pas long feu, le puissant mage. Deux pas et il s'écroula à terre dans un cri de douleur. Le paladin n'avait pas réussi à soigner entièrement les chevilles de son ami, et il allait falloir un petit moment avant qu'il puisse remarcher. Grunlek, inquiet, vit que le paladin n'allait pas bien, même s'il ne disait rien. Il était tout pâle, il semblait tendu et en descendant de cheval, il se mit à boitiller vers le pyromage, tirant une grimace à chaque pas.

« Théo.... l'interpella doucement Grunlek. Va te reposer, je vais m'en occuper. T'es en sale état. »

Il marmonna quelque chose dans sa barbe et fit demi-tour pour gagner le feu de camp, où Aranwen et Shin se trouvaient, l'observant fixement. Grunlek se dirigea vers son ami, et l'aida à se lever, le traînant derrière lui. Bob se laissa faire, ne pouvant rien faire de plus. Le nain l'amena près du feu puis le posa sur une des couchettes. La mage remercia silencieusement son ami, puis se coucha. Il s'endormit presque immédiatement, sans rien dire. Le nain se dirigea vers Théo, et commença à retirer son armure de plates, de force, puisque le guerrier ne semblait pas très enclin à la discussion.

« Pauvre idiot, grommela le nain. Heureusement que je suis là. T'es blessé. Et ça a l'air profond.
- M'en fous. »

Le nain soupira en finissant de retirer la cuirasse. Il se dirigea vers sa sacoche pour désinfecter la plaie du paladin et la bander, malgré les grognements de mécontentement du paladin sous ses mains.

Pendant ce temps, Shinddha Kory et Aranwen faisaient connaissance, commençant doucement à s'apprivoiser. Shin avait pris de l'avance sur Bob, et il en était fier. Maintenant il devait garder cette avance avant que le pyromage se lance dans la course. Surtout qu'il lui avait sauvé la vie et blablabla.

« Comment est-ce que... C'est arrivé ? Demanda l'elfe, timidement. »

Les deux jeunes gens parlaient de leurs origines, depuis presque deux heures. Elle se confiait à lui, elle lui avait dévoilé les problèmes de sa situation, comment elle avait échappé à trois tentatives de meurtres, comment elles avait rencontré les personnes de son groupe. Et ils en étaient venus à parler de Shin, de son côté élémentaire.

« J'avais cinq ans. Je me suis baigné dans un étang, puis je me suis éloigné du bord, j'ai perdu pied. Et je me suis noyé. Et je ne sais pas pourquoi, je suis revenu. Je me suis réveillé au bord de la rivière, et je pouvais contrôler de l'eau.
- Tu t'en souviens encore ?
- Par mes parents. Mais eux aussi se sont fait tués. L'église de l'eau voulait m'étudier, et ils ont tué quiconque se mettaient entre eux et moi. »

Un silence s'installa entre les deux personnes les plus proches de la nature. Shin' poussa un petit soupir, en repliant ses jambes contre lui. Aranwen lui posa une main sur l'épaule, compatissante. Le demi-élémentaire releva les yeux vers elle, elle lui offrit un sourire, il se mit à rougir légèrement.

« J'avais un ami, dans mon groupe, reprit Aranwen. Il s'appelait Ulrich. C'était un demi-élémentaire également, de terre. Il pouvait contrôler les arbres, leur donner des formes, les utiliser comme une arme. L'église de la Lumière en avait après lui, parce qu'il était un « hérétique ». Ils ont tout essayé pour le tuer. Y compris en nous kidnappant. A la fin, il n'en pouvait plus. Cette situation était trop lourde. Un matin, on a retrouvé son corps, avec une lettre d'adieu. Tu me fais beaucoup pensé à lui, Shinddha.
- Je.... Je suis désolé.
- Sauf que toi, tu es fort. Lui ne l'était pas, il n'arrivait pas à encaisser. C'est ce que j'aime bien chez toi. Tu ne baisses pas les bras. »

Shin lui sourit doucement. Aranwen se leva, et se dirigea vers sa couchette, non sans frôler l'élémentaire. La nuit tombait sur le camp. Grunlek laissa Théo se reposer, puis se dirigea vers Shin.

« Je prends le premier tour, dit Shin d'un air absent. Va dormir Grun'.
- Eh, je peux te donner un.... conseil ? »

Shin haussa un sourcil et se tourna vers son aîné. Il semblait assez gêné.

« Hum ?
- Elle en pince clairement pour toi. Ne laisse pas passer ça. Offre-lui des fleurs demain. Les elfes adorent les fleurs. Mais pas les jaunes. Ni les rouges. Bonne nuit. »

Grunlek fit demi-tour, laissant un demi-élémentaire sur les fesses. Il se mit à sourire stupidement, tout en surveillant les environs.


Les premiers rayons du soleil illuminèrent la petite clairière et les aventuriers, encore endormis. Grunlek était le seul déjà réveillé, il avait pris le dernier tour de garde et était en train de préparer le petit déjeuner, sous le regard d'Eden, qui était de nouveau en pleine forme. Elle veillait son maître du regard, ou plutôt les lapins rôtissant sur la broche. Arawen s'éveilla à son tour, en s'étirant doucement. Elle sourit à la vue de Shinddha, enveloppé dans ses couvertures, ronflant, puis partit saluer le nain, et lui donner un coup de main.

L'odeur des lapins réveilla doucement les trois autres aventuriers. Balthazar n'avait rien mangé depuis deux jours, et ça se faisait sentir. Ses chevilles avaient pris une teinte violette, peu rassurante, mais globalement, il se sentait mieux. Maintenant qu'il était pleinement conscient, la culpabilité reprit le dessus, surtout à la vue de Grunlek, qui gardait encore les traces de l'accident. Le nain était souriant, même quand il croisa son regard.

« Grun', je...
- C'est bon Bob, je t'en veux pas. T'as fait de ton mieux. 
- Merci. »

Grunlek lui sourit, et se reconcentra sur ses lapins. Bob se tourna ensuite vers le paladin, tout juste réveillé. Il était tremblant et au premier coup d'oeil, Bob sut qu'il avait de la fièvre. Il rampa dans sa direction, puis le força à se retourner. Le pyromage retira délicatement le bandage fait par Grunlek, glapit de surprise. Autour de la blessure de Théo était en train d'apparaître des veinules noires.

Chapitre 8 : Le remède miracle

Grunlek observait Bob du coin de l’œil depuis quelques secondes maintenant. Il n'était pas stupide, il avait bien vu qu'il y avait un problème. Le pyromage avait soudainement blêmit en retirant le bandage de Théo. Il éteignit le feu, ses lapins étant cuits, puis il s'avança discrètement derrière le mage, découvrant presque en même temps que lui ce qui l'inquiétait.

Sur la hanche du paladin, des veinules noires s'étiraient à vue d’œil, rappelant à nos deux compères des souvenirs beaucoup moins joyeux. Bob recula et rampa vers sa couchette, sous le regard inquiet de Grunlek. Il ouvrit le sac de couchage et retira une quantité incroyable d'objets. De l'or, des livres, un bout de viande séchée, des choses indéterminées, puis finalement, il en sortit une bouteille.

« Heureusement que j'ai gardé ça, dit-il tout en l'ouvrant.
- C'est quoi ? Demanda le Nain, perplexe.
- La pommade que j'ai utilisé quand il a été piqué par l'araignée. »

Il appliqua la pommade sur la blessure de Théo. Les veinules se rétractèrent immédiatement, au grand soulagement de Bob et Grunlek. La paladin essaya de s'asseoir, mais Grunlek le força à se recoucher immédiatement.

« Tu ne bouges pas d'ici avant d'être de nouveau en forme. Dors Théo. »

Pendant ce temps-là, le cerveau de Shinddha Kory avait focalisé son attention sur Aranwen. Elle s'était éloignée un peu du feu et jouait avec Eden, assise dans l'herbe. Lui lançant inlassablement un bâton que la louve ramenait, la queue battant furieusement l'air. Il se repassait en mémoire les paroles de Grunlek, la veille au soir, puis, décidé, et sous les regards d'un Bob inquiet et d'un Grunlek souriant, il s'engouffra dans les fourrés.

« Qu'est-ce qu'il fait ? Demanda Bob, inquiet de le voir partir aussi vite.
- Il a des vues sur Aranwen, si tu vois ce que je veux dire.
- Le pauvre.
- Quoi ?
- Il n'a aucune chance. Il est bien trop timide pour ça. »

Le nain leva les épaules, puis lança un regard aux chevilles du mage. Bob soupira et s'installa pour faire en sorte que son ami y accède plus facilement. Grunlek retira doucement les bandages et resta soudain immobile, stupéfait. Bob haussa un sourcil, inquiet. Ce n'était pas si grave que ça.

« Bob... »

Balthazar Octavius Barnabé se releva doucement, pour avoir une vision de ses jambes. Il se stoppa net. Des veinules noires couvraient entièrement ses deux jambes.

« Les chaînes... dit-il à demi-voix. »

Grunlek attrapa la pommade et en tartina les jambes du pyromage. Les veinules se rétractèrent. Bob affichait désormais un air sérieux. Son visage s'était fermé et notre nain ne connaissait que par cœur cette expression. Bob s'inquiétait. Il lui posa sa main « humaine » sur l'épaule, en signe de soutien.

« On va trouver une solution, ne panique pas. A la Capitale il y a forcément quelqu'un qui sait comment soigner cette saloprie. Qui sait, on retrouvera peut-être Bragg ? Il disait vouloir se poser et retourner dans une grande ville. »

Bob hocha tristement la tête puis sourit doucement, essayant tant bien que mal de masquer son inquiétude. Aranwen s'approcha à pas feutrés des blessés. Elle pencha la tête légèrement sur le côté en voyant la blessure de Bob.

« Je... Je vous ai écouté. Et... Hum.... Je connais un moyen de retirer le poison. »

Théo qui faisait alors semblant de dormir se releva d'un coup, malgré un regard irrité de son ami nain. L'elfe semblait néanmoins hésiter, elle s'agitait nerveusement.

« Quel moyen ? L'encouragea Grunlek.
- C'est... C'est un vieux sort, qui permet de purifier le sang. Il est très puissant, et très douloureux, autant pour celui qui le crée que celui que le reçoit. Mais il y a un problème majeur.
- Lequel ? Demanda Théo, la voix pleine d'espoir.
- Si pour votre ami paladin, il ne devrait pas y avoir de problème, puisque sa source magique et la mienne ont les les mêmes origines, pour votre ami demi-diable, je crains de ne pas pouvoir faire grand chose. Mon esprit et le sien vont rentrer en conflit, et nous risquons tous les deux d'y rester. »

Un silence tomba sur le camp, interrompu par le retour de Shin, ignorant tout de la situation, un bouquet de fleurs blanches magnifique dans les mains. Il n'osait pas avancer, voyant sa belle occupée avec Bob. Il bouillonnait de l'intérieur, si le pyromage lui volait encore la place... Cependant, il constata bien vite qu'il y avait un problème. Bob ne souriait pas. Et quand Bob ne sourit pas, c'est toujours mauvais signe.

Il s'approcha lentement des aventuriers, son bouquet à la main. Grunlek fixa intensément les fleurs, puis Shin, ravi. C'était tout simplement adorable. Aranwen le remarqua également. Elle lui sourit doucement alors que le demi-élémentaire lui tendait le bouquet, en rougissant soudainement. Bob en resta bouche bée. L'elfe prit les fleurs, puis sourit à Shin. Elle s'approcha de lui, et l'embrassa sur la joue. Le demi-élémentaire s'écroula au sol, inconscient, sous le rire moqueur de Bob Lennon.

« Je viens d'avoir la preuve que les crises émotionnelles existent, dit-il entre deux crises de rire. »

Shinddha se réveilla quelques secondes plus tard, Aranwen penchée au dessus de lui. Elle parut soulagée de le voir se réveiller. Notre grand timide cligna des yeux avant de s'asseoir, fusillant Bob du regard. Le mage était littéralement écroulé de rire.

« Tu m'as fait peur Shin. »

Elle le serra brièvement contre elle, se releva et lui tendit la main, qu'il prit volontiers. Elle le lâcha et redevint sérieuse.

« Théo, c'est quand vous voulez.
- Faisons ça maintenant dans ce cas. J'aime pas vraiment attendre.
- Très bien. Retirez votre armure, je vais préparer le sort. »

Elle se dirigea d'un pas décidé vers sa couchette, et ouvrit un grand livre de sort, qu'elle se mit à étudier précautionneusement. Shin était un peu perdu. Grunlek lui résuma la situation, à propos de Théo, de Bob. Il écouta, puis lança un regard triste à Bob. Il avait beau être un grand crétin, s'il venait à mourir, il ne s'en remettrait pas.

Aranwen revint près du groupe. Elle posa une main douce sur l'épaule de Théo, puis le fit s'allonger. Elle plaça ses mains de chaque côté de sa tête.

« Je vais essayer de vous endormir, pour que vous ne sentiez rien. Dans le cas contraire, il faudra être fort. »

Ses yeux se mirent à briller légèrement, d'une lueur argentée, alors qu'elle prononçait quelque chose en langage elfique. Théo sembla s'assoupir, puis ferma les yeux d'un coup. Satisfaite, l'elfe recula lentement, et le fit rouler sur le dos.

« On va pouvoir commencer, dit-elle d'une petite voix. Je vais probablement hurler, crier et vous supplier d'arrêter, mais en aucun cas vous ne devez intervenir, vous comprenez ? »

Grunlek et Bob hochèrent la tête. Shinddha se contenta de la fixer profondément, le cœur serré, inquiet. Elle sourit une dernière fois, puis, alors qu'elle entamait un dialecte en langage elfique, une lumière dorée émergea de ses mains. Elle les posa sur le dos de Théo, puis, seulement après quelques secondes, elle se mit à hurler de douleur.

BON-SOIR ! Je sais, je sais. Il devait y avoir Lycéenne RPG entre les deux, mais mon inspiration m'a juste lâché. Du coup, comme pour A Travers Le Temps, cette fanfic passe en chapitres irréguliers. Je posterai quand j'aurai le temps. Merci à Gwen la Sanglante, Noeudsolitaire, S'yelenn et Mikeyran pour les reviews, contente de vous voir toujours aussi nombreux à lire cette fanfic qui est l'une des premières de la fanbase !

Par ailleurs, pour ceux qui ne le savent pas encore, un projet est en préparation pour la fanbase, aussi bien pour ses écrivains que ses lecteurs. Vous aurez rapidement des informations :3 Le nom de code c'est #Zone69 sur Twitter ! Oh, également, désolée de pas avoir laisser de reviews ces derniers jours, j'ai pas eu le temps X-X Mais dès que j'ai le temps j'fais tout ça !

Bref, arrêtons le blabla et lançons nous :3 Bonne lecture !

Chapitre 9 : Un vieil ami ?

Dix minutes. Cela faisait dix minutes qu'Aranwen était penchée au dessus de Théo, gémissant de douleur. La paladin était immobile, toujours endormi. Grunlek avait éloigné Shin et Bob de la scène. La mage tombait de fatigue et Shin mourrait d'envie d'intervenir. L'aîné du groupe allait devoir ruser pour les garder calmes et sous contrôle. Le nain tira Bob sur les derniers mètres, il le mit dans sa couchette. Bob s'endormit presque immédiatement, ce qui inquiéta légèrement Grunlek. Ce n'était pas normal. L'ingénieur posa délicatement une couverture sur son dos.

« Eden ? »

La louve sortit d'un fourré en battant de la queue, ravie que l'on s'intéresse un peu à elle. Grunlek lui caressa doucement la tête, puis pointa Bob du doigt.

« Surveille-le, d'accord ? S'il se lève, viens me chercher. »

L'animal pencha la tête légèrement sur le côté. Elle lança un regard à Bob, puis vint se blottir contre lui, toujours en fixant son maître du regard. Grunlek sourit. Le mage, c'était réglé. Il restait l'archer. Shinddha serrait compulsivement son arc, ne sachant pas quoi faire.

« Shin ? Tu veux te rendre utile ? »

L'archer baissa les yeux vers le nain. Il hocha la tête. Grunlek attrapa un sac et le lui mit dans les bras. Shin haussa un sourcil.

« Va te chercher des pommes, tu t’assois dans un coin et tu manges.
- Mais...
- Il n'y a pas de mais. Je m'occupe d'Aranwen et Théo. Surveille Bob et Eden. »

Shin poussa un soupir avant de se diriger d'un pas las vers la bordure de la forêt. Grunlek lança un regard à Eden. La louve s'était endormie contre le mage. Il ne put s'empêcher de la couvrir elle aussi avec la couverture de Bob. La scène était juste adorable. Mais il était temps de redevenir sérieux. Il y avait un autre problème plus important.

Grunlek attrapa un seau, et le remplit d'eau, avant de gagner le chevet d'Aranwen. L'elfe était rouge, en larmes, souffrant visiblement le martyr. Elle sursauta quand Grunlek lui appliqua l'eau sur le visage, puis le remercia d'une grimace de douleur. Le nain posa les yeux sur Théo. Le paladin était pâle, et crispé. Ses yeux s'agitaient beaucoup, il devait être en plein rêve. Le veinard.

Mais bien sûr, rien n'est jamais calme dans le Cratère. Il y eut ce « crac » discret dans le décor. Grunlek fit volte-face. Shin ne pouvait pas être déjà de retour. Surtout qu'il était parti de l'autre côté. Lentement, le nain se dirigea vers les fourrés, se préparant au combat. Quelque chose lui passa entre les jambes à une vitesse folle. Il poussa un soupir de soulagement. Un écureuil. Une flèche se planta dans la bestiole. En relevant les yeux, il put voir Shin, à l'orée du bois, visiblement blasé. Le demi-élémentaire fit demi-tour et s'enfonça pour de bon dans les bois.

Le cuisinier du groupe ramassa le cadavre de l'écureuil. Il le partagerait entre Théo, Bob et Aranwen. Shin allait râler, mais ils en avaient de toute évidence plus besoin qu'eux. Alors qu'il examinait la fourrure de l'animal, une brise glaciale le surprit. Du coin de l'oeil, il repéra une forme humaine derrière lui. Il fit volte-face. La personne face à lui, pas le moins du monde impressionnée, haussa un sourcil.

« Et bien Maître Nain, c'est une bien étrange manière d'accueillir de vieilles connaissances. »

Devant lui, enveloppé d'une longue cape rouge sang se tenait Enoch, le père de Bob, le Diable en personne, ou peu importe le nom que lui donnait les cultures païennes actuelles. Grunlek se crispa immédiatement.

« Qu'est-ce que vous voulez ?
- Où est mon fils ?
- Il dort. Il est blessé et il a besoin de repos. Foutez-lui la paix. »

Enoch poussa un soupir, puis repéra, au dessus de la tête du nain, une couchette un peu à l'écart. Sans un mot, il se dirigea, malgré une faible menace de Grunlek. En quelques enjambées, il avait gagné le chevet de son fils. Il le détailla un instant, puis son expression se modifia légèrement. Le nain put presque lire de l'inquiétude sur le visage du Père. Il retira la couverture le recouvrant d'un geste ample. Bob ouvrit faiblement les yeux en grelottant. Eden, elle, s'était relever d'un coup. Elle poussa un long grondement à l'attention de l'intru.

« Je n'ai pas le temps pour ça. »

Les yeux du diable virèrent au rouge, des cornes lui poussèrent sur le crâne. Eden détala, effrayée, pour gagner la main protectrice de son Maître, nerveux. Enoch posa une main experte sur le crâne de son fils, qui se mit à gémir doucement.

« Il est brûlant. Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
- On ne sait pas vraiment. Il a été kidnappé, Théo l'a sauvé, et quand il est revenu, on a découvert qu'il avait des veinules noires. Comme quand Théo a été empoisonné avec l'araignée. Aranwen est en train de le soigner d'ailleurs, là bas, mais on ne peut rien faire pour Bob à cause de sa nature démoniaque. Vous... Vous ne pouvez rien faire ? »

Enoch avait soulevé délicatement les manches de pantalon de son fils. Il se crispa légèrement en découvrant l'ampleur des dégâts. Il poussa un soupir, puis attrapa le bras de Bob. Il entrouvrit légèrement la bouche, et des canines pointèrent de sa dentition parfaite.

« Qu'est-ce que vous faites ?
- Analyse de sang. »

Les canines se plantèrent dans la chaire de son fils. Bob poussa un hurlement et essaya de dégager son bras, mais son géniteur le tenait bien. Les yeux du Diable devinrent un peu plus rouge encore, n'annonçant rien de bon. Il recracha instantanément le sang en tirant une grimace. Balthazar récupéra son bras au prix d'une dernière tentative. Il le serra contre lui en gémissant, à demi-réveillé.

« Ce venin n'est pas naturel, déclara calmement Enoch. Il a été utilisé volontairement contre lui. Qui a fait ça ?
- Ils sont déjà morts, si c'est ce que vous voulez dire. C'était des paladins de la Lumière.
- Vous ne comprenez pas ?
- Pardon ? »

Enoch parut agacé de sa question.

« Mais qu'est-ce que vous apprenez à l'école enfin ! Ce venin, c'est de la magie noire !
- … Et alors ?
- Paladins de la LUMIERE. Avec de la magie NOIRE. Vous voyez où est le problème ?!
- Oh. Mais... C'est une hérésie dans leur religion, non ?
- Bien sûr que oui ! Si les gentils petits paladins se mettent à utiliser de la très méchante magie noire, ça veut dire que quelque chose se prépare. Vous comprenez Maître Nain ? »

Ils furent interrompus par une forme humaine, chancelante, s'approchant d'eux. Aranwen faisait peine à voir. Elle tremblait.

« Il... Il est sauvé. »

Et elle s'écroula au sol, sur Bob, qui sursauta dans son sommeil, avant de se rendormir, impassible. Enoch sembla réfléchir.

« Vous allez à la Capitale, non ?
- N'y pensez même pas, grogna Grunlek.
- Je pourrais vous protéger. Et veiller sur mon fils. Allez Maître Nain, vous ne pouvez pas me refuser ça.
- Je m'appelle Grunlek. Appelez-moi encore Maître Nain et mon bras mécanique s'écrasera dans votre face. Si vous venez, comment puis-je m'assurer de votre loyauté ?
- Quelqu'un s'en est pris à mon fils. Je ne sais pas comment, ni pourquoi. Mais ils le paieront. Je jure de ne pas vous quitter tant que ma vengeance ne sera pas complète.
- Très bien. Alors... Rendez-vous utile. »

Grunlek attrapa le seau traînant à ses pieds, et il le posa dans les mains du mage, avec un sourire presque sadique.

« Allez chercher de l'eau. »


Et voilà, l'équipe est enfin complète. La véritable aventure commence dès le prochain chapitre. Quittons enfin ce camp de malheur pour nous mettre en route N'hésitez pas à laisser d'une review, j'ai besoin d'encouragements ces derniers jours x) On se retrouve très très vite dans le Survivant de l'Enfer ahahahah. Soyez prêts, ça va envoyer du lourd. Bisouilles !